Cet article date de plus de trois ans.

Pour près de 80% des Français qui se disent heureux, "la hiérarchie des valeurs a changé", selon le cabinet d'étude Elabe

"On a redécouvert un certain nombre de choses qui apparaissent comme essentielles" depuis la crise du Covid-19, explique sur franceinfo Bernard Sananès, président du cabinet d’étude Elabe.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des personnes passent devant un graffiti sur lequel on peut lire "Êtes-vous heureux ?" dans la ville de Rennes, le 24 octobre 2016. (DAMIEN MEYER / AFP)

Bernard Sananès, président du cabinet d’étude Elabe, a souligné mardi 16 novembre sur franceinfo que "la hiérarchie des valeurs avait changé" chez les Français alors que huit français sur dix se disent heureux(Nouvelle fenêtre), selon le baromètre Elabe-Institut Montaigne-SNCF des territoires en partenariat avec franceinfo. Selon lui, "les totems de la société de consommation" (smartphones, voitures, voyages) paraissent aujourd'hui "presque dérisoires". C'est le monde d'après la crise du Covid-19(Nouvelle fenêtre) pour ces Français qui se recentrent sur "les choses essentielles."

franceinfo : Les Français sont plus heureux qu'il y a trois ans ?

Bernard Sananès : C'est plus qu'il y a trois ans. Demain, ce sera le troisième anniversaire du début du mouvement des "gilets jaunes". Et il y a, on le voit bien dans beaucoup d'indicateurs, une forme de décrispation de la société française. Il y a finalement une forme de résilience. 78% des Français se disent heureux, dont quatre sur dix très heureux. Bien sûr, il y a eu la maladie, les victimes, les morts, la souffrance. Mais finalement, cette situation nous a fait redécouvrir, revisiter ce qui était les ingrédients du bonheur. Cela nous a fait aussi peut-être relativiser un certain nombre de difficultés. Le regard ne se porte pas au même endroit. On a redécouvert un certain nombre de choses qui apparaissent comme essentielles : être en bonne santé d'abord, prendre soin de son corps, avoir des relations avec sa famille, avoir un métier qu'on a choisi, faire des choses de ses mains. Et à l'inverse, par exemple, les totems de la société de consommation, avoir une belle voiture, faire le tour du monde, avoir des smartphones, ça paraît presque dérisoire dans notre classement

Cela veut dire que "le monde d'après" existe un peu ?

Il existe un peu chez les Français, effectivement. La hiérarchie des valeurs a changé. Alors, bien sûr, on exprime une forme de lassitude par rapport à la crise du Covid-19. D'autant plus si les nouvelles que nous avons depuis quelques jours se confirment. Mais finalement, un peu comme dans la chanson de Christophe Maé, c'est seulement après qu'on sait qu'il était là (le bonheur).

Dans quelle région est-on le plus heureux ?

Les Pays de la Loire(Nouvelle fenêtre), ce n'est pas une surprise. C'est une région qui va économiquement bien, notamment sur le front de l'emploi. Et puis, il y a deux autres régions, le Grand-Est et la Normandie, dans lesquelles on se dit le plus "très heureux".

"On se rend compte dans cette étude que, finalement, ce sont les deux régions où la situation du pouvoir d'achat par rapport à 2018 s'est très améliorée."

Bernard Sananès, président du cabinet d’étude Elabe

à franceinfo

Elle était très dégradée au moment du mouvement des "gilets jaunes", et d'ailleurs, on se rend compte dans toute l'étude que finalement, la corrélation au bonheur est très liée à cette variable des fins de mois.

Pourquoi les Français ont-ils envie de déménager ?

C'est encore plus le cas si on se retrouve dans une grande agglomération ou dans une grande ville, et notamment si on a des familles avec enfants. C'est là où on cherche le plus à reconstituer, justement, ce qu'on a appelé la France du "premier cercle", "la France du proche". Dans ce premier cercle, la famille, c'est encore plus important qu'avant pour plus d'un Français sur deux, avec un particularisme régional dans les Hauts-de-France, où 55% des habitants disent que c'est encore plus important qu'avant la crise sanitaire. Par ailleurs, cette envie de déménagement est motivée par deux raisons, la recherche d'un meilleur cadre de vie et la proximité de la nature et de la campagne. Peut-être que vont se dessiner de nouveaux équilibres territoriaux à court ou à moyen terme ? En tout cas, cette recherche, cette envie de déménager, cette envie de reconstituer ce premier cercle n'est pas anecdotique. C'est vraiment un élément très marquant de notre étude.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.