Polémique autour d'une fresque pornographique à l'hôpital de Clermont-Ferrand
La gauloiserie grivoise qui colore certaines salles de garde d’étudiants internes des hôpitaux de l’hexagone ne fait pas sourire tout le monde... notamment quand elle semble dépasser certaines limites. En premier lieu la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Elle a condamné lundi une fresque "particulièrement choquante " peinte sur les murs de l'hôpital de Clermont-Ferrand.
Une photographie de cette fresque, qui circule sur les réseaux sociaux, montre Wonder Woman subissant les assauts sexuels de quatre "super héros" (Flash, Superman, Superwoman et Batman). Des bulles, qui ont été ajoutées récemment à la fresque initiale, font dire aux protagonistes de l’orgie dessinée : "tiens la loi santé! ", "tu devrais t'informer un peu ! ", "prends-la bien profond ! " en référence à la Loi Santé de Marisol Touraine.
Une représentation ultra-violente, misogyne et déshumanisante
Une fresque signalée dimanche par l'association Osez le féminisme, qui a dénoncé une représentation "ultra violente, misogyne et déshumanisante" de la femme et demandé au Conseil national de l'Ordre des médecins son "retrait immédiat", ainsi que des sanctions envers les responsables.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins a condamné "fermement et sans réserve" la fresque litigieuse et assuré qu'il veillerait à ce que des "s uites appropriées" soient données à cette "affaire inacceptable". Le dessin va lui bientôt disparaître. "En accord avec le doyen de la faculté de médecine, la direction du CHU a décidé que cette fresque sera intégralement effacée dans les prochains jours ", a indiqué lundi l'avocat du syndicat des internes de Clermont-Ferrand, Me Jean-Sébastien Laloy. Il a expliqué que la fresque existait depuis une quinzaine d'années et que les trois bulles critiquant la loi santé ont, elles, été rajoutées le week-end dernier, puis effacées.
Tradition grivoise ?
Le président du syndicat des internes de Clermont-Ferrand regrette lui la diffusion de cette peinture murale qui n'avait "pas vocation à sortir de la sphère privée ", en condamnant "l'image dégradante des femmes et des médecins qui est véhiculée ". Et, surtout, en assurant qu'à "aucun moment " la ministre de la Santé n'est représentée dans ce détournement déloyal et choquant.
Le doyen de la facuté de médecine, estime lui que les traditions peuvent se perpétrer dans une certaine limite, mais dans un cadre privé, aussi envisage-t-il des suites disciplinaires, voire judiciaires.
Stéphanie Thomas d'Osez le féminisme 63 , regrette que les lieux de formations à la sphère médicale et le monde de la santé aient une appréhension problématique de la figure du viol, alors même qu'il est là utilisé comme un outil politique quand ces mêmes futurs professionnels de santé auront à prendre en charge des victimes de viol :
La décoration des salles de garde et d'internats avec des fresques grivoises ou pornographiques relève d'une tradition solidement ancrée dans l'univers hospitalier, dont l'origine et la signification sont décrites dans plusieurs ouvrages.
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