Mobilisation contre la réforme annoncée des ports
Transférer au privé la manutention dans les ports autonomes - il y en a sept en France : c'est ce que prévoit le projet de loi, adopté aujourd'hui en Conseil des ministres. Et c'est précisément contre cette disposition que la CGT mobilise, depuis maintenant une semaine (voir article).
Après des grèves tournantes, dans chacun des ports, le syndicat appelait aujourd'hui à un arrêt total de travail, pour 24 heures. Le mouvement paralyse ce matin le port autonome de Marseille, et provoque de grosses perturbations au Havre, à Bordeaux et à Nantes-Saint-Nazaire.
Les autres ports autonomes -Dunkerque, Rouen et La Rochelle- sont également touchés.
Après les dockers voici quinze ans, ce sont donc les grues et les portiques qui devraient rejoindre le secteur privé - du moins si le projet de loi est adopté.
_ Cela représente entre 1.800 et 3.000 personnes, selon la CGT.
But de l'opération, selon le gouvernement : renforcer la compétitivité des ports français. Le ministère des Transports estime que cette réforme et les 445 millions d'euros qui seront consacrés à la modernisation des ports doit permettre de passer de 3,6 millions de conteneurs traités en 2006 à 10 millions en 2015, ce qui pourrait se traduire par la
créations d'environ 30.000 emplois.
Un argument battu en brèche par la CGT. D'autant que c'est rigoureusement le même que celui avancé "en 1992 quand le statut des dockers avait été remis en cause. Au final, il y a eu 4.000 suppression de postes de dockers", commente Yves Tual, secrétaire fédéral CGT à Nantes.
Pour éviter tout blocage, le ministère a donc prévu d'accompagner la réforme d'une large concertation, qui se prolongera même au-delà du vote de la loi, jusqu'au mois d'octobre.
D'ailleurs, des garanties ont d'ores et déjà été apportées pour permettre aux
agents de revenir dans le giron de l'Etat pendant une période de cinq ans après le transfert au privé si leur poste n'était pas maintenu.
Mais cela ne suffit pas à la CGT, qui souhaite que le projet de loi aborde plus en détail les questions sociales, estimant que "le texte actuel est beaucoup trop court sur ces aspects". Le syndicat demande notamment des garanties sur les conventions collectives qui seront appliquées et sur les effets de la modernisation de l'organisation du travail.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement veut aller vite. Le projet de loi devrait être examiné au Sénat au cours de la deuxième quinzaine de mai et en juin à l'Assemblée.
Guillaume Gaven avec agences
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