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Le mariage pour tous crée un divorce à l'UMP

Les ténors du parti se déchirent sur la ligne à adopter depuis la promulgation du texte. Avec, pour point d'orgue, la manifestation du 26 mai, à Paris.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Copé et François Fillon, le 24 avril 2013, à la sortie d'un déjeuner parisien.  (MARTIN BUREAU / AFP)

PromulguĂ©e il y a moins d'une semaine, la loi ouvrant le mariage aux couples de mĂȘme sexe continue de mobiliser ses opposants. Parmi eux, les cadres de l'UMP apparaissent en ordre trĂšs dispersĂ©. A l'approche d'une nouvelle manifestation des opposants au mariage pour tous prĂ©vue dimanche 26 mai, les divergences se font de plus en plus saillantes au sein du parti. 

La question de la réécriture du texte

L'UMP apparaßt d'abord trÚs divisée sur la suite à donner à la loi en cas d'alternance en 2017. Nombre de cadres du parti soutiennent par exemple l'hypothÚse d'une modification voire d'une abrogation du texte, ce qui est loin de séduire l'ensemble des troupes. 

Les pour : Jean-François Copé, comme François Fillon, l'ont promis sitÎt le texte promulgué : la droite réécrira la loi si elle revient au pouvoir. Le président de l'UMP s'en est expliqué dans un entretien au Monde, indiquant vouloir "protéger la filiation et les droits de l'enfant". Mais il reste sceptique quant à une éventuelle abrogation de la loi. Cette hypothÚse a été suggérée par Guillaume Peltier, un des fondateurs du courant de la Droite forte et vice-président de l'UMP, dÚs le mois d'avril dans Le Figaro. Selon lui, "il s'agit là d'une attente profonde" des opposants. Le député Hervé Mariton, trÚs passionné lors des débats, soutient aussi cette idée et entend remplacer le mariage par un contrat d'union civile, explique Le Monde. 

Les contre : En face, les plus modĂ©rĂ©s de l'UMP se montrent prudents concernant une abrogation du texte. Pour le dĂ©putĂ© Franck Riester, qui a votĂ© pour la loi, "c'est mentir aux Français que de dire que nous [l']abrogerons". Son avis est partagĂ© par Nathalie Kosciusko-Morizet et Luc Chatel, lequel a synthĂ©tisĂ© la pensĂ©e collective sur France Inter : "C'est un texte que nous avons condamnĂ©, sur lequel je me suis opposĂ© mais je ne crois pas qu'on reviendra en arriĂšre." Et François Baroin d'en remettre une couche dans Sud Ouest : "La sociĂ©tĂ© aura Ă©voluĂ© d’ici quatre ans. On ne peut pas imaginer une seconde de faire une campagne prĂ©sidentielle autour d’un rĂ©fĂ©rendum sur cette question."

Le débat sur la présence dans le cortÚge du 26 mai

Sur la forme, la manifestation prévue dimanche sÚme aussi la zizanie parmi les ténors du parti qui s'opposent sur la question de la participation au rassemblement.

Les pour : Jean-François CopĂ©, qui participera au dĂ©filĂ©, a Ă©crit jeudi aux militants pour leur demander de "se mobiliser" dimanche. Selon lui, c'est "l'occasion de marquer notre engagement pour des valeurs, une vision de la sociĂ©tĂ© diffĂ©rente de celle [de] la gauche". En rĂ©alitĂ©, le prĂ©sident de l'UMP souhaite en faire une dĂ©monstration contre la politique familiale de François Hollande et appelle dĂ©jĂ  les militants Ă  songer au "rendez-vous suivant", soit les municipales de 2014. InvitĂ© vendredi de RTL, Christian Jacob, chef de file des dĂ©putĂ©s UMP, a dĂ©fendu son patron : "Ce n'est pas la manif' de trop, c'est la manif' qu'il faut pour montrer que les Français sont attachĂ©s Ă  la politique familiale." Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Henri Guaino ou encore Eric Ciotti, sur la mĂȘme ligne, devraient aussi participer au cortĂšge, avance Le Parisien (article payant).  

Les contre : CitĂ© par le quotidien, François Baroin se montre, lui, trĂšs critique sur la question : "Aller manifester alors que le texte a Ă©tĂ© votĂ©, c'est plus qu'une faute pour un parti de gouvernement. On agit comme si on Ă©tait un petit parti d’opposition, tout cela n'est pas sĂ©rieux." Le dĂ©putĂ© de l'Aube ne cache pas son rejet de la ligne copĂ©iste et dĂ©nonce, dans Sud Ouest cette fois, "une rĂ©cupĂ©ration politique qui ne peut profiter qu'Ă  l'extrĂȘme droite". L'ancien prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale, Bernard Accoyer, y voit lui une "initiative dangereuse" et François Fillon s'inquiĂšte d'une "crise institutionnelle" dans Le Figaro Magazine. Luc Chatel, Bruno Le Maire ou Nathalie Kosciusko-Morizet s'abstiendront eux aussi de dĂ©filer.

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