Luc Chatel a présenté jeudi son projet de réforme du lycée au Conseil supérieur de l'éducation
Le ministre de l'Education a maintenu les changements prévus pour l'histoire-géographie en terminale S, selon le texte de son discours.
Devant le Conseil supérieur de l'éducation (CSE),il a résumé les objectifs de sa réforme, notamment améliorer l'orientation et rendre possible des réorientations jusqu'en première, revaloriser la filière littéraire.
Pour permettre les réorientations, est créé en première un "véritable tronc commun d'enseignements" qui concerne "le français, les langues, l'histoire et la géographie: quatre heures pour tous avec un programme commun, ce qui est profondément nouveau et qui ancre ces disciplines dans un socle de culture humaniste partagée", selon Luc Chatel.
Revaloriser la filière L est nécessaire car elle est "littéralement en voie de perdition: 11% des élèves seulement la choisissent. Pourtant, souvenons-nous: il y a cinquante ans, nos médecins, nos élites étaient recrutées parmi les littéraires et les philosophes!", a-t-il dit.
Mais "cette ambition ne deviendra réalité que si le terrain se l'approprie pleinement, a ajouté Luc Chatel pour justifier sa volonté de "renforcer les marges d'initiative et de responsabilité dont disposent les établissements". Il s'agit de "donner toute sa place au conseil pédagogique" : les équipes pédagogiques pourront "décider de l'utilisation des groupes à effectif réduit" et "définir les modalités de mise en oeuvre de l'accompagnement personnalisé".
Pour le lycée technologique, "je reviendrai devant vous au mois de mars prochain pour présenter les choix qui auront été arrêtés", a dit Luc Chatel, en affirmant que sa rénovation était "un enjeu stratégique pour notre pays". Les séries STI (sciences et techniques industrielles) et STL (de laboratoires), 17 actuellement, "seront entièrement repensées". Pour enrayer la "désaffection" pour la STI, "quatre ou cinq spécialités" pourraient être proposées "autour de grandes thématiques porteuses d'avenir: énergie et développement durable, systèmes d'information et numérique, architecture et construction, innovation technologique et éco-conception, arts appliqués", a-t-il détaillé.
Manifestations de lycéens
Quelques 900 à 3.000 personnes, selon les sources, essentiellement des lycéens, ont manifesté jeudi après-midi à Paris contre la réforme du lycée. A Toulouse, ils étaient 200 à 300, à Bayonne 1500, 600 au Mans, à Marseille 200, 200 à Rennes.
Le projet devant le Conseil supérieur de l'éducation
L'examen du projet de réforme du lycée en CSE passe par une discussion autour de quatre textes, sur l'organisation des établissements, l'orientation, la classe de seconde et le cycle terminal. Le CSE, instance consultative comprend 97 membres du monde éducatif.
La FCPE, qui a montré de la bienveillance avec d'autres syndicats pour ce projet, trois textes sur quatre ont dégagé une majorité: l'autonomie des établissements (32 voix pour, 26 contre, les autres étant des abstentions ou refus de vote), l'orientation (35 pour, 20 contre, 13 abstentions) et la classe de seconde (32 pour, 19 contre, 15 abstentions). Quant au quatrième, sur le cycle terminal, il a recueilli 22 pour, 22 contre, 13 abstentions et 7 refus de vote.
Au CSE, de tels votes globalement favorables sont "plutôt rares", a commenté à l'AFP Jean-Jacques Hazan, le président de la FCPE.
Prochaine étape: examen par le Conseil d'Etat
Le projet de réforme prévoit de permettre la réorientation des élèves, de rééquilibrer les filières du lycée général et elle crée deux heures hebdomadaires d'"accompagnement personnalisé", à horaire global inchangé. Il est prévu pour cela de recentrer la filière scientifique (S) sur les sciences, revaloriser la littéraire (L) et diminuer les horaires de certaines disciplines (rendre optionnel en cycle terminal pour les S l'histoire-géo).
Deux des textes examinés concernent les modifications d'horaires et d'enseignements en seconde et dans le cycle terminal.
Pour le Snes, créer un tronc commun aux différentes filières en première permettra de "supprimer des postes à la rentrée 2011", la réforme devant entrer en vigueur à la rentrée 2010 pour la seconde, 2011 pour la première et 2012 pour la terminale.
Rien n'est prévu à ce stade sur le lycée technologique, alors que la réforme prévoit de revaloriser la filière STI (sciences et technologies industrielles), mais des textes seront présentés ultérieurement, selon le ministère.
Le passage devant le CSE constitue une étape symbolique forte, alors que la précédente réforme avait dû être retirée fin 2008.
Les étapes suivantes devraient être l'examen des textes en Conseil d'Etat, leur publication au bulletin officiel, la rédaction des nouveaux programmes et la formation des professeurs aux nouvelles missions.
Les grandes lignes de la réforme ont été annoncées par Nicolas Sarkozy le 13 octobre. Un premier projet de réforme du lycée défendu par le prédécesseur de Luc Chatel, Xavier Darcos, avait été retiré fin 2008 après des manifestations de lycéens.
Le projet gouvernemental de réforme du lycée, notamment la disparition de l'histoire-géographie des programmes de terminale S, a provoqué un tollé chez les professeurs, les intellectuels, les historiens et des politiques de tous bords.
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