Les Zennaf, une famille française
Brahim est un ancien marcheur mais il est et restera toujours militant. En 1983, avec d'autres jeunes du côté de Saint-Etienne, il a
participé à la belle aventure de la marche.
Le jeune homme de l'époque a aujourd'hui 58 ans. Il vit
à Saint-Etienne. Avec distance et précision, il raconte ses souvenirs de la
marche, il y a trente ans.
Le plus important c'est l'école
Son engagement, il l'analyse comme la suite logique
de sa vie et sans doute comme une évidence dans son histoire familiale. C'est
alors que Brahim jusqu'ici impassible, ne peut cacher son émotion, lorsqu'il
évoque son père.
Cet Algérien est
venu en 1936 à Saint Etienne pour travailler dans les mines. Tout au
long de sa vie, cet ouvrier répétera à son fils que le plus important pour
réussir, c'est l'école.
Un jour, le père rentre du travail transformé. L'homme,
habituellement taciturne et autoritaire, affiche un grand sourire. Brahim encore enfant interroge sa
mère surpris par la jovialité de son papa.
Sa mère lui répond:
"Aujourd'hui, l'ingénieur lui a serré la main".
Brahim va grandir,
le père va mourir et il ne saura jamais que son fils, marqué à jamais par cette
journée, deviendra ingénieur. Brahim l'ingénieur
a suivi les conseils paternels. Mais à la différence de son père, qui a lutté pour l'indépendance de l 'Algérie et choisi la nationalité algérienne, Brahim, lorsqu'il marche en 83, se rend compte
que le mythe du retour au pays est à jamais
balayé. Au fond de lui, il s'est toujours senti appartenir au pays où il est nait, la France . Malgré le regard de certains pas
toujours bienveillant, malgré les années où victime d'une législation floue,
il perd la nationalité française.
Dans l'esprit
de Brahim, les choses ont toujours été claires. Son engagement, c'est ici, là où ses trois enfants dont l'aîné Hédi ont grandi.
Militant de père en fils
Le jeune
homme de 20 ans est lui aussi militant. Engagé aux Jeunesses Communistes,
cet étudiant est admiratif de l'engagement des marcheurs. Trente ans après, il
s'étonne de cette marche pacifiste dans un contexte aussi violent que celui des
années 80. Il a du mal à imaginer ce racisme criminel qui fait régulièrement la
une des journaux à l'époque de la marche.
Pour Hédi, le
parcours de son père est une fierté. Il est sûr que son grand-père, le manœuvre
algérien, aurait été fier de son fils Brahim. Et sans doute aussi de son
petit-fils, aujourd'hui étudiant à Sciences-po.
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