La mort sur le chemin de l’exil
Le premier a été retrouvé mort à au milieu de la nuit, dans le tunnel par des ouvriers de maintenance. L'hypothèse la plus probable est qu'il ait été tué dans une chute après avoir embarqué clandestinement sur une navette ferroviaire, estime-t-on. Le parquet a ouvert une enquête.
La fermeture du centre d'accueil de la Croix-rouge à Sangatte en 2002, voulue par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, n'a pas tari l'afflux de réfugiés en provenance notamment d'Afghanistan, souhaitant émigrer vers l'Angleterre. Ce flux a même grossi ces derniers temps, et les réfugiés s'entassent désormais dans la nature, un bois situé dans la zone près de Calais étant même surnommé la "jungle" ou le "petit Kaboul", avec des structures d'habitation précaires.
Le phénomène est semblable à Paris et la mairie socialiste a mis en rapport le décès survenu dimanche et la politique du gouvernement. En effet un autre homme est mort dimanche matin poignardé dans une rixe opposant deux hommes dans le square Villemin dans le 10e arrondissement, un lieu où se regroupent les exilés. Il était connu dans la communauté afghane pour être originaire de ce pays.
Dans la capitale, ils sont passés d'une dizaine à plus de 300 Afghans à errer autour du square, tout près du Canal Saint-Martin. Ils arrivent épuisés, les poches vides, après avoir dépensé jusqu'à 15.000 euros en passeurs pour traverser l'Iran, la Turquie, la Grèce et l'Italie et avoir subi humiliations et brutalités policières.
"Ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes", constate Dominique Bordin, directeur de la protection des mineurs isolés de l'organisation France Terre d'Asile (FTDA) qui a répertorié 683 mineurs étrangers isolés en 2008 à Paris, contre 480 en 2007.
Nombreux sont ceux qui vont rester des mois voire des années "dans les couloirs de l'asile". Ils reprendront la route pour le Danemark, la Norvège ou la Suède, mais visent de moins en moins l'Angleterre, devenue difficilement accessible. "On nie le problème. Mais on ne peut pas à la fois faire la guerre en Afghanistan et ne pas en payer les conséquences migratoires" , s'insurge Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile.
Caroline Caldier, avec agences
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