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L'Intérieur rectifie la note de la police qui veut "évincer" les Roms

Une note interne au commissariat du 6e arrondissement de Paris, révélée mardi par Le Parisien, préconise d'"évincer systématiquement" les Roms du quartier. Le directeur de cabinet du Préfet de police a nié toute stigmatisation lors d'une conférence de presse. Le maire de l'arrondissement dit "ne pas être choqué". Dans l'après-midi, le ministre de l'Intérieur a précisé, dans un communiqué, que la consigne interne a été "rectifiée".
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Maxppp)

C'est le quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France qui révèle l'affaire dans son édition de ce mardi. Selon le quotidien, une note interne, rédigée par un officier de police "sur instruction de la commissaire centrale ", demande "dès à présent et jusqu'à nouvel ordre pour les effectifs du 6e arrondissement, de jour et de nuit, de localiser les familles roms vivant dans la rue et de les évincer systématiquement ".

Le maire UMP de l'arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, interrogé par le quotidien, dit "ne pas être choqué " par ladite note, mais être en revanche "choqué de voir des familles de Roms dans la rue avec des enfants en bas âge ". Ce n'est "pas acceptable sur le plan humain et social ", ajoute l'élu.

"Aucune stigmatisation des populations concernées "

Lors d'un point de presse, le directeur de cabinet du Préfet de police, Laurent Nunez, a confirmé l'existence de cette
directive écrite, parlant d'une "main courante
informatisée
[qui] vise à relayer les instructions données aux effectifs de police
par la hiérarchie
".
Dans cet arrondissement du centre de Paris, "on nous a signalé une
recrudescence de familles qui séjournent sur la voie publique avec des enfants
parfois en très bas âge
", a précisé Laurent Nunez.

"Face à cette situation, nous engageons des actions, les effectifs de voie
publique vont au contact de ces familles aux fins d'identification et nous leur
proposons des solutions d'hébergement d'urgence afin qu'elles ne restent pas
avec des enfants sur la voie publique
", s'est justifié le directeur de cabinet du Préfet de police, précisant que "les forces de l'ordre agissent
dans un cadre légal,
[et qu']il n'y a aucune stigmatisation des populations concernées,
aucune nationalité est visée en particulier
".

La note rectifiée par le ministère de l'Intérieur

Dans l'après-midi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a précisé, dans un communiqué, que la consigne interne a été "rectifiée". Il a rappelé "le principe selon lequel aucun contrôle de police ne peut être effectué en ciblant une personne en fonction d'une nationalité réelle ou supposée".

Au sujet des "campements illicites", le ministre a évoqué la circulaire interministérielle du 26 août 2012. Elle "permet d'appliquer avec fermeté et humanité trois principes : le démantèlement des campements illicites en proposant des solutions d'hébergement chaque fois que cela est possible, le respect du droit au séjour et la coopération avec les pays d'origine pour y permettre leur réinsertion".

Une nouvelle affaire après celle de Montpellier

Cette affaire en rappelle une autre. Celle révélée récemment par nos confrères de France Inter concernant un courrier électronique du SRPJ de Montpellier. Il avait été envoyé à destination des hôteliers de la région, les incitant à "signaler l'arrivée " de personnes "originaires d'Europe de l'est " en vue de la lutte contre la délinquance organisée.

Le SRPJ de Montpellier rappellait notamment "l'aide très efficace " apportée par ces derniers à la suite de mails antérieurs les sollicitant "dans le but d'interpeller des individus recherchés ou soupçonnés de crimes et délits ".

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Il incitait à "maintenant passer à une seconde phase afin d'anticiper les faits de délinquance que sont en particulier les cambriolages en bande organisée, les vols de données de cartes bancaires (...) et le proxénétisme ". "Nous vous demandons donc de nous signaler l'arrivée dans vos établissements d'individus originaires d'Europe de l'est, en groupe ou en famille ", poursuivait ce courrier.

Le directeur de la Police judiciaire de Montpellier, Gilles Soulier, avait réagi lundi refusant de parler de couac. "Il n'y a pas de maladresse, seulement un malentendu. Si un hôtelier a des doutes sur la présence d'un proxénète dans son établissement, il peut nous alerter ", a-t-il déclaré.

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