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Vidéo Plaintes de l'Elysée : une habitude héritée de l'ère Sarkozy

Valérie Trierweiler poursuit les auteurs d'une biographie qui lui est consacrée. A l'Elysée, depuis Sarkozy, ça commence à devenir une habitude...

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
L'entrée du palais de l'Elysée, le 11 avril 2007 à Paris. (PATRICK KOVARIK / AFP)

JUSTICE - Deux plaintes déposées par la Première dame à seulement sept jours d'intervalle. Du jamais vu. Mercredi 10 octobre, Valérie Trierweiler a attaqué pour diffamation et atteinte à la vie privée les auteurs de La Frondeuse, une biographie non autorisée. Christophe Jakubyszyn et Alix Bouilhaguet y affirment qu'elle aurait eu une liaison avec le député UMP Patrick Devedjian. Une semaine plus tôt, le 3 octobre, la compagne de François Hollande a porté plainte contre X pour "usurpation d'identité", comme l'a révélé Le Figaro. Une demande de permis de construire a en effet été déposée à son nom à la mairie de Locmariaquer, dans le Morbihan. 

Sa prédécesseure Carla Bruni-Sarkozy a elle aussi saisi la justice plus d'une fois, suivant là l'exemple de son mari qui a mis fin à une tradition républicaine. Nicolas Sarkozy a en effet porté plainte à huit reprises au cours de ses cinq années à la tête de l'Etat. FTVi revient sur ces affaires petites et grandes.

Le couple Bruni-Sarkozy contre Ryanair

Quelques jours avant leur mariage, en 2008, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni saisissent la justice pour "atteinte à l'image". La plainte vise une publicité de la compagnie aérienne irlandaise low-cost Ryanair détournant un cliché du couple pris lors d'un séjour en Egypte. On y voit le président se tenir le menton, la bouche ouverte. Carla Bruni, elle, esquisse un léger sourire, le regard dans le vide. Une bulle lui fait dire : "Avec Ryanair, toute ma famille peut venir assister à mon mariage." Les "excuses profondes" de Ryanair n'y font rien. La compagnie est condamnée à verser un euro symbolique à Nicolas Sarkozy et 60 000 euros de dommages et intérêts à Carla Bruni. La première dame de l'époque a par la suite reversé cette somme aux Restos du cœur.

Sarkozy et l'affaire du SMS 

Deux jours après cette première plainte, le chef de l'Etat en dépose une autre, le 7 février 2008. Nicolas Sarkozy porte plainte pour "faux, usage de faux et recel" contre le site du Nouvel Observateur. L'hebdomadaire affirme que le président a envoyé à son ex-épouse Cécilia, huit jours avant son mariage avec Carla Bruni, un SMS disant : "Si tu reviens, j'annule tout". Le 19 mars, Nicolas Sarkozy retire sa plainte après une lettre d'excuses du journaliste incriminé et c'est Carla Bruni-Sarkozy qui annonce la nouvelle.

Le t-shirt "Sarkozy tolérance zéro"

En mai 2008, Nicolas Sarkozy se constitue partie civile dans une affaire instruite à Albertville (Savoie) sur la création de t-shirts portant la mention "Sarkozy tolérance zéro", le "o" de Sarkozy étant transformé en cible.

Sarkozy victime d'une escroquerie

Le premier personnage de l'Etat peut, comme n'importe qui, être victime d'une simple escroquerie. En octobre 2008, le JDD révèle que des escrocs sont parvenus à obtenir les coordonnées bancaires de Nicolas Sarkozy et ont retiré une centaine d'euros sur le compte en banque personnel du président. Le chef de l'Etat repère des prélèvements inhabituels et porte plainte le 25 septembre 2008. En toute discrétion.

Les brigades criminelle et financière sont saisies par le procureur de la République de Nanterre Philippe Courroye. Elles découvrent que les arnaqueurs ont fait une cinquantaine de victimes. Six hommes et deux femmes sont écroués dès octobre. Et en juillet 2009, sept des huit prévenus sont condamnés par le tribunal correctionnel de Nanterre à des peines allant de six mois de prison avec sursis à quatre ans, dont deux avec sursis.

Sarkozy et l'affaire Clearstream

Le 16 octobre 2008, Nicolas Sarkozy porte plainte pour "dénonciation calomnieuse" contre Yves Bertrand, ancien directeur des Renseignements généraux, après la publication dans la presse d'extraits de ses carnets personnels saisis dans l'affaire Clearstream. Dans ces écrits, le président est accusé d'avoir perçu de l'argent de l'homme d'affaires Jean-Noël Tassez. L'enquête sera classée sans suite en 2010.

Sarkozy et la poupée vaudou 

Le 23 octobre 2008, Nicolas Sarkozy saisit la justice pour faire retirer de la vente un coffret "Manuel vaudou, Nicolas Sarkozy", commercialisé par la maison d'édition K&B, dans lequel on trouve une poupée à son effigie. La cour d'appel de Paris n'interdit pas la commercialisation de la poupée, jugeant toutefois que cette dernière portait atteinte à la dignité du chef de l'Etat.

Sarkozy "en prison"

Le 16 juillet 2010, Nicolas Sarkozy obtient de la justice le retrait de photomontages qui le tournent en ridicule dans le numéro estival du bimestriel Le Monte. Dans son numéro de juillet-août, le journal, pastiche du quotidien Le Monde, a publié, sous le titre de une "Nicolas Sarkozy en prison", des photomontages d'actes sexuels entre des hommes et une chèvre, et utilisant le visage du chef de l'Etat. 

Sarkozy contre Mediapart

La dernière plainte et la dernière affaire survient fin avril 2012, en pleine campagne présidentielle. Mediapart publie le fac-similé d'un document présenté comme une note officielle du régime Kadhafi, datée de décembre 2006, qui donnerait son accord de principe pour financer à hauteur de 50 millions d'euros la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Le président-candidat porte immédiatement plainte pour "faux et usage de faux", "recel de ces délits" et "publication de fausses nouvelles". 

Le directeur de la publication de Mediapart, Edwy Plenel, ainsi que les deux journalistes auteurs de l'article concerné, Fabrice Arfi et Karl Laske, sont visés. Ils dénoncent une "démarche exceptionnelle". Une procédure pour diffamation aurait exigé "un débat public devant le tribunal correctionnel ainsi que la production des preuves et des témoins", observent-ils.

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