Une inculpation dans le massacre d'Oradour : "C'est trop tard"
Au total, 642 habitants du village d'Oradour-sur-Glane, dans le Limousin, sont morts en juin 1944 dans des exactions commises par les SS. C'est le pire massacre commis en France par l'armée nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.
"A-t-il réfléchi quand il exécutait les autres" (Robert Hébras, rescapé d'Oradour)
L'un des auteurs présumé de ce massacre vient d'être inculpé en Allemagne. Il a 88 ans aujourd'hui mais en avait 19 au moment des faits. Cet ancien SS est accusé du "meurtre collectif de 25 personnes" et de "complicité dans le meurtre de plusieurs centaines d'autres.
Robert Hébras est l'un des deux derniers témoins ayant réussi à échapper au massacre. Il aurait beaucoup de questions à poser à l'ancien soldat nazi. "Est-ce qu'il a réfléchi quand il exécutait les autres. Moi c'est ce que j'aimerais savoir parce que malgré les ordres, on a sa conscience. Quelle était sa conscience à ce moment là ? Est-ce qu'il a vécu une vie normale " ensuite, interroge-t-il. Que peut-on attendre d'un procès 70 ans après ?... "C'est trop tard "
Arrêté dans la banlieue de Cologne, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l'ancien membre du régiment Der Führer de la division blindée SS Das Reich, aujourd'hui à la retraite, est resté dans l'anonymat et ne s'exprime que par la voix de son avocat.
"Si je le voyais, je le traiterais de salaud et puis c'est tout" (Marcel Darthout, rescapé d'Oradour)
Peut-être a-t-il tué 25 hommes dans une grange ce 10 juin 1944, avant d'amener du combustible pour mettre le feu à l'église où étaient regroupés femmes et enfants. Le procès, dont la tenue reste suspendue jusqu'en mars à la décision du tribunal de Cologne, dira peut-être quel fut son rôle. Ce qui est sûr, c'est que les commanditaires du massacre sont eux probablement déjà morts.
Pour Marcel Darthout, lui aussi rescapé, cet homme est le bourreau de sa famille. Mais à presque 90 ans, le vieil homme dit ne rien attendre de la justice. "Il a aidé à brûler ma mère et ma femme, ça c'est presque sûr mais peu importe, c'est trop tard ", explique Marcel Darthout, dont l'émotion est palpable.
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