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Un proche de Dassault mis en examen pour tentative d'assassinat

Suspect numéro 1 dans une tentative d'assassinat à Corbeil-Essonnes (Essonne), Younès Bounouara, proche de l'ex-maire Serge Dassault, s'est rendu ce mercredi. Puis il a été mis en examen et placé sous mandat de dépôt à la prison de la Santé. Il  va pouvoir s'expliquer devant la justice sur ce règlement de comptes perpétré sur fond de rumeurs et soupçons d'achat de votes.
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Christophe Morin Maxppp)

Proche de l'ex-maire de Corbeil-Essonnes Serge Dassault, Younès Bounouara avait à plusieurs reprises indiqué son intention de se rendre aux autorités. Par l'intermédiaire de son avocat mais également par voie de presse. Mercredi, il a tenu sa parole. Suspect numéro 1 dans une tentative d'assassinat perpétrée sur fond de rumeurs et soupçons d'achat de votes, il a été cueilli à sa descente d'avion à l'aéroport de Roissy, près de Paris, en provenance d'Algérie.

Les hommes de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) de Versailles lui ont immédiatement signifié son mandat d'arrêt. Il était en fuite depuis le 19 février, date à laquelle il a tiré en plein Corbeil-Essonnes à trois reprises sur Fatah Hou, le blessant très grièvement. Aujourd'hui tiré d'affaire, ce boxeur amateur reste marqué physiquement et psychologiquement par ce que la justice a qualifié de tentative d'assassinat.

Younès Bounouara a ensuite été présenté aux juges du tribunal d'Evry en charge du dossier. Après plus de cinq heures d'audition, il a été mis en examen pour tentative d'assassinat. Une décision contestée par son avocat Me David-Olivier Kaminski : "La tentative d'assassinat n'est pas fondée au regard des éléments. Le coup
de feu a été porté de manière involontaire sans volonté de nuire à la victime."

Si la responsabilité de Younès Bounouara sur les faits reprochés ne fait guère de doutes - il a agi en plein jour, devant de nombreux témoins, il a même raconté la scène dans un entretien à l'hebdomadaire Le Point -, les dessous de ce règlement de comptes suscitent bien des questions.

Au coeur de nombreuses rumeurs

L'homme est en effet présenté comme l'intermédiaire, dans les cités sensibles de Corbeil-Essonnes, de Serge Dassault, maire de la ville de 1995 à 2009. De nombreuses rumeurs circulent sur un système d'achat de votes mis en place par l'industriel pour assurer non seulement la paix sociale dans les quartiers mais aussi son élection, et celle de son successeur, Jean-Pierre Bechter.

Ainsi, dans un extrait d'une vidéo clandestine diffusé le 15 septembre par le site d'informations Mediapart, le sénateur UMP Dassault déclare: "Moi, j'ai donné l'argent. Je ne peux plus donner un sou à qui que ce soit", "Moi, j'ai tout payé, donc je ne donne plus un sou à qui que ce soit. Si c'est Younès, démerdez-vous avec lui".

Dans l'interview accordée au Point, M. Bounouara se défend d'avoir
participé à un système d'achats de votes. Ce chef d'entreprise concède
cependant avoir reçu de l'argent de l'élu dans le cadre d'un marché public
estimé à près de 1,7 million d'euros.

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Auditionné pendant plus de quatre heures, le 14 octobre, par le trio de magistrats instructeurs en charge de ce dossier criminel, Serge Dassault a été placé sous le statut de témoin assisté pour "complicité de tentative d'assassinat". Une qualification "infamante", avait estimé un proche.

Parmi la pléiade d'enquêtes liées à Corbeil-Essonnes et à M. Dassault, une information judiciaire a été ouverte à Paris en mars 2013 pour corruption, abus de biens sociaux, blanchiment et achat de votes présumés aux élections municipales, entre 2008 et 2010.

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