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Uderzo gagne une manche en justice contre sa fille, la bataille continue

Le cocréateur d'Astérix n'est pas victime d'un abus de faiblesse, selon les juges. Sa fille soutenait le contraire et avait déposé plainte contre X. Les magistrats ont prononcé un non-lieu.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Albert Uderzo, le dessinateur d'Astérix, le 10 octobre 2013, chez lui, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). (JOEL SAGET / AFP)

C'est toujours la zizanie chez les Uderzo. La fille du cocréateur d'Astérix, Sylvie, avait déposé plainte contre X. Elle estimait que son père, Albert, était victime d'un abus de faiblesse. Lui s'en défendait. Les juges ont tranché. Ils ont estimé qu'il n'en était rien et ont rendu une ordonnance de non-lieu, mercredi 11 décembre.

Ce feuilleton judiciaire aux multiples rebondissements autour de l'irréductible – mais surtout très rentable – petit Gaulois dure depuis plusieurs années et n'est pas près de prendre fin. Explications.

Que craint la fille d'Uderzo ?  

Sylvie Uderzo avait déposé plainte en 2011. La fille unique et principale héritière accusait certains membres de l'entourage de son père, aujourd'hui âgé de 86 ans, de profiter de son état de santé pour influer sur la gestion de son œuvre et de sa fortune.

Il y a une semaine sur Europe 1, elle avait assuré vouloir uniquement protéger ses parents "des corbeaux" qui gravitent autour de leur fortune. "Quand on a un certain âge, on a le droit d'être manipulé et d'être manipulable par des hommes en costume-cravate" même si l'on n'est pas sénile, avait-elle expliqué.

Sylvie Uderzo, la fille du cocréateur d'Astérix, le 21 novembre 2006, dans les bureaux des Editions Albert-René, à Paris. (CHAMUSSY/PALAZZO/SIPA)

Quelle est la conclusion des juges ? 

L'instruction a duré deux ans et demi. Albert Uderzo et son épouse Ada ont été entendus à plusieurs reprises par des experts. "Ils ont conclu qu'ils aimeraient avoir une telle mémoire s'ils arrivent à mon âge", avait relevé, dans un sourire, le père d'Astérix, cité par Culturebox.

Après remise du rapport, les juges ont rendu leur verdict : il n'existe pas "de charges suffisantes contre quiconque d'avoir commis les faits d'abus de faiblesse" à l'encontre du dessinateur. Albert Uderzo est "lucide", n'est "pas en état de vulnérabilité" et "possède une pleine capacité à prendre des décisions".

Quels seront les prochains épisodes de ce feuilleton ?

Albert Uderzo et son épouse ont immédiatement réagi dans un communiqué. Ils souhaitent que ce non-lieu "mette un terme au harcèlement judiciaire et médiatique orchestré par leur fille et leur gendre Bernard de Choisy". Mais l'avocat de Sylvie Uderzo, Nicolas Huc-Morel, a déclaré que sa cliente allait "immédiatement faire appel" de l'ordonnance qu'elle considère comme "critiquable"

La fille a en outre entamé une action en justice, en septembre, contre l'expert-comptable du dessinateur, Armand Turquet, pour "faux témoignage". Et le père a, de son côté, porté plainte, début décembre, contre sa fille et son gendre pour "violences psychologiques". "Je me suis tu pendant des années, mais aujourd'hui j'ai décidé de réagir (...) Trop, c'est trop", confiait-il alors.

Albert Uderzo à Paris le 2 octobre 2013, à l'occasion de la sortie de l'album Asterix chez les Pictes. (BERTRAND GUAY / AFP)

Quel est l'enjeu caché derrière cette bataille judiciaire ?

Albert Uderzo accuse Sylvie Uderzo et Bernard de Choisy de vouloir "mettre la main" sur la très rentable saga. 

Le conflit entre le père et la fille a d'ailleurs éclaté en 2007. Les éditions Albert René, en charge des albums d'Astérix conçus après le décès, en 1977, de René Goscinny, négociaient alors la reprise de la majorité de leur capital par Hachette Livre. Jugés gênants, Sylvie Uderzo (alors directrice générale) et son époux (publicitaire) avaient été remerciés. Ils étaient accusés, par Hachette, de travailler peu mais de coûter beaucoup. 

En décembre 2008, la société avait été cédée à Hachette Livre. Mais Sylvie Uderzo avait refusé de vendre ses parts. Elle s'opposait à la transaction et ne comprenait pas que son père autorise l'éditeur du groupe Lagardère à poursuivre les aventures du Gaulois après sa mort. Sylvie Uderzo avait alors conservé 40% d'Albert-René, part depuis revendue à Hachette Livre qui détient désormais la totalité du catalogue. 

L'enjeu de cette bataille est de taille : Astérix est assis sur un tas d'or. Le célèbre Gaulois est la BD la plus vendue (352 millions d'albums) et la plus traduite (111 langues et dialectes) au monde. Le dernier album, le premier sans Uderzo, sorti le 24 octobre dans 15 pays, est encore un succès en librairie.

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