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Tunisie : une journaliste franco-tunisienne poursuivie après des heurts avec la police

Deux rappeurs tunisiens, ainsi que la journaliste franco-tunisienne Hind Meddeb, collaboratrice de France Info, ont été inculpés lundi matin par la justice tunisienne. Ils sont accusés notamment d'outrage envers des policiers ; jeudi dernier ils avaient bruyamment protesté contre la condamnation à deux ans de prison d'un de leurs amis, lui aussi rappeur. Hind Meddeb a choisi de regagner la France ; elle s'en explique.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Hammi/SIPA Autre)

Tout commence jeudi dernier. La justice tunisienne, saisie du cas d'Alaa Yaacoubi, dit Weld el 15, condamne le jeune rappeur à une peine de deux ans de prison ferme. Il est accusé d'avoir insulté la police dans l'une de ses chansons. Depuis, des pages de soutien ont fleuri sur les réseaux sociaux pour soutenir le rappeur. 

Dans la salle du tribunal de Ben Arous, en banlieue de Tunis, les amis du rappeur, sous le choc, protestent avec virulence contre le verdict. Parmi ces amis, deux autres rappeurs - Aymen Feki dit Men-Ay et Moustapha Fakhfakh dit Mr. Moustapha - et la journaliste franco-tunisienne Hind Meddeb, collaboratrice régulière de France Info . Elle a d'ailleurs co-signé le 12 juin dernier une tribune dans le journal Libération , pour apporter son soutien à Weld el 15, en compagnie de stars du rap français comme Joey Starr ou Oxmo Puccino.

Tous trois ont été inculpés lundi matin, pour "outrage à un fonctionnaire public dans l'exercice de ses fonctions" et "atteinte aux bonnes moeurs". Ils risquent jusqu'à un an et demi de prison. Convoqués pour les mêmes faits, quatre autres rappeurs ont été relaxés. Les trois inculpés ont été laissés libres. Mais la journaliste Hind Meddeb a d'ores et déjà choisi de ne pas répondre à la convocation de la justice. Elle n'était d'ailleurs pas présente lundi matin devant le tribunal.

"Je n'ai plus confiance dans la Tunisie d'aujourd'hui "

Hind Meddeb a décidé de quitter la Tunisie dimanche soir pour la France. Elle s'en explique dans un communiqué publié sur Facebook. La journaliste revient notamment sur les conditions de son interpellation dans le tribunal jeudi dernier. Selon elle, les policiers l'ont violemment empoignée, lui criant : "Puisque tu soutiens le rappeur Weld el 15, tu vas le rejoindre en prison ". Elle passera quelques heures dans une cellule du tribunal, affirmant avoir "demandé aux policiers d'accepter [ses] excuses ". Plus tard, au commissariat, Hind Meddeb dit avoir "signé un procès verbal dont [elle] ignorai[t] l'essentiel ", ne lisant pas l'arabe.

La journaliste affirme ne plus avoir "confiance dans la Tunisie d'aujourd'hui où pour une chanson, on condamne un rappeur à deux ans de prison ferme et on relâche ceux qui ont attaqué l'ambassade des États-Unis au mois de septembre dernier ". Elle ajoute : "Les rappeurs tunisiens ont participé à la révolution avec leurs chansons, ils ont en son temps dénoncé le régime de Ben Ali. Au lieu de les jeter en prison, l'État tunisien devrait leur être reconnaissant ".

Pour toutes ces raisons, Hind Meddeb assume son départ précipité de Tunis dimanche soir, pour "continuer à partir de Paris [sa] lutte pour les libertés, toutes les libertés, de la liberté d'expression à la liberté de conscience ". Son procès, ainsi que celui de ses deux co-accusés, a été fixé au 7 octobre prochain, à Tunis.

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