Témoignages "Il faut que notre dossier soit repris de A à Z" : 12 ans après la mort de Céline Giboire, sa famille se bat pour que le pôle "cold cases" étudie l'affaire

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Céline Giboire, une adolescente de 16 ans, est retrouvée morte au pied d'une falaise de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, le 28 février 2012. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)
Les proches de cette adolescente retrouvée au pied d'une falaise de Saint-Malo en février 2012 veulent relancer l'enquête, qui reste toujours ouverte.

Alors que le pôle "cold cases" s'apprête à fêter ses deux ans d'existence, le 1er mars prochain, des familles de victimes se battent pour que leur dossier soit repris par les magistrats de Nanterre, spécialisés dans les affaires non élucidées et les crimes en série. C'est notamment le combat des proches de Céline Giboire, une adolescente de 16 ans retrouvée morte au pied d'une falaise de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, le 28 février 2012. Cela fait douze ans qu'une instruction est ouverte pour viol et meurtre, mais l'enquête est au point mort.

Le 28 février 2012 au matin, des joggeurs découvrent le corps de Céline Giboire, sur une petite plage de Saint-Malo. La veille, l'adolescente scolarisée en première à Rennes sèche les cours, après s'être disputée avec une amie. Des témoins l'aperçoivent alors en train de faire du stop, puis un couple la croise à la tombée de la nuit dans le parc des Corbières, qui surplombe une plage de Saint-Malo. Elle ne donnera ensuite plus aucun signe de vie. 

Pas de commission rogatoire en cours

Céline a fait une chute d'une quinzaine de mètres. Son corps a été retrouvé à 32 mètres du point d'impact, en partie immergé. Son décès a été provoqué par sa chute et par une noyade. "Les médecins qui vont procéder à l'autopsie vont dire qu'elle a été violée et qu'il s'agit d'un homicide", explique Laura la sœur jumelle de Céline. 

Céline Giboire, 16 ans, a été aperçue à la tombée de la nuit dans le parc des Corbières, qui surplombe une plage de Saint-Malo, le 28 février 2012. Elle ne donnera ensuite plus aucun signe de vie. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

Mais une seconde expertise, menée sur la base des documents de la première, dira que les lésions observées par les légistes pourraient être dues à la chute de la jeune fille sur les rochers, et non pas forcément à un viol. Les premiers enquêteurs de la police judiciaire vont d’ailleurs très vite s'orienter vers l'hypothèse du suicide de Céline, ce qui est encore incompréhensible aujourd'hui pour Laura. "J'étais la personne la plus proche d'elle, je n'y crois pas qu'elle ait décidé de mettre fin à ses jours, que moi je n'ai rien vu et qu'elle ne m'a rien laissé. Non, je ne l'entends pas", dit-elle très émue.

Une piste qui ne tient pas non plus aux yeux de Mélanie, la grande sœur de Céline et Laura, aujourd'hui âgée de 35 ans : "Son sac à main est retrouvé dissimulé par des branchages, sa carte d'identité n'a jamais été retrouvée. Quelques jours après, on a retrouvé sa carte vitale entre deux grosses pierres, énumère-t-elle, et soi-disant c'est une thèse de suicide ?"

Des incohérences pointées du doigt depuis plusieurs années par le pénaliste Franck Berton, l’avocat des sœurs de Céline Giboire. Douze ans après, l'information judiciaire pour "viol" et "meurtre" est toujours ouverte mais aucune commission rogatoire n’est en cours, indique le procureur de Rennes. Philippe Astruc précise à franceinfo qu’en 2016, les investigations n’ont pas permis de caractériser les infractions de viol et de meurtre. Et il explique qu’aucun élément nouveau n’a permis de modifier ces conclusions. Pour autant, le dossier n’est toujours pas refermé.

Libérer la parole d'éventuels témoins

L’ultime espoir de Mélanie et de toute la famille de Céline Giboire, c’est désormais que le pôle national des crimes sériels ou non élucidés situé à Nanterre reprenne l’affaire, pour la réexaminer et relancer des investigations. "Je sais qu'il y a des gens qui savent quelque chose, donc je leur demande de parler, d'abord, sans doute parce que ça va les libérer. Et de deux, en fin de compte, nous aussi ça nous libérera de certaines choses, le fait de savoir, implore Mélanie, la grande sœur de Céline. Il faut que notre dossier soit repris de A à Z."

"Je sais qu'au fond de moi, je ne lâcherai pas, mais j'appelle à l'aide."

Mélanie, grande sœur de Céline Giboire

à franceinfo

Un appel à l'aide que Mélanie lance surtout au pôle cold case de Nanterre, dans l'espoir qu'il reprenne ce dossier et relance les investigations, pour un jour peut-être, connaître la vérité sur la mort de sa sœur. 

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