Affaire Tariq Ramadan : Dieudonné appelé à témoigner au procès pour viol de l'islamologue en Suisse
Un personnage sulfureux témoin de moralité d'un autre personnage sulfureux. Sensation de ce procès à Genève quand l'un des avocats de Tariq Ramadan annonce, lundi 15 mai, la venue de Dieudonné pour le lendemain et le deuxième jour du procès du prédicateur suisse qui est accusé de viol dans une chambre d'hôtel il y a près de 15 ans.
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La plaignante, présente dans la salle durant tous les débats lundi, doit s'exprimer mardi pour la première fois devant le tribunal correctionnel. La plaignante, dont le nom d'emprunt est "Brigitte", de nationalité suisse, avait une quarantaine d'années à l'époque des faits.
Un courrier anonyme
Elle assure que l'islamologue l'a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d'insultes, le soir du 28 octobre 2008, dans une chambre d'hôtel à Genève. Elle a porté plainte en 2018.
Si la défense a souhaité faire témoigner Dieudonné, un proche de la plaignante qui a été agent d'artistes, c'est parce que le nom de l'humoriste décrié apparaît dans un courrier anonyme reçu par le tribunal. Il aurait en effet recueilli les confidences de "Brigitte" concernant une relation consentie avec Tariq Ramadan. D'après cette lettre, elle s'est vantée en présence de Dieudonné "d'un coup d'un soir avec Tariq Ramadan". Un document censé balayer tout viol.
"Procédé tout à fait pathétique"
Ridicule pour François Zimeray, l'un des avocats de la plaignante, qui a demandé à être séparée de Tariq Ramadan par un paravent pour ne pas avoir à le voir durant un procès : "Je trouve que faire venir Dieudonné comme témoin à partir d'une lettre anonyme qui est survenue quinze jours avant cette audience, dans un dossier qui existe depuis cinq ans, qui n'est ni daté ni signé, dont on ne sait pas qui l'a écrite, est un procédé tout à fait pathétique qui en dit beaucoup sur le fait que M. Ramadan est à court d'arguments."
Tariq Ramadan explique de son côté avoir croisé Dieudonné, trois fois en tout, la dernière en 2010. "Est-ce un ami ou un ennemi ?", lui demande le président du tribunal. "Je ne sais pas", répond l'islamologue de 60 ans aujourd'hui, alors que l'avocat de Dieudonné prévient que "témoigner n'est pas adhérer à une thèse politique ou religieuse". Ou quand sulfureux rime parfois avec précautionneux.
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