Sursis requis contre deux gendarmes pour "détention arbitraire"
L’histoire remonte à 2010. Nicolas Sarkozy, alors président de la République, se rend dans l’Allier. Frédéric Le Marrec, syndicaliste chez Sud compte bien y aller. Sauf qu’il est interpellé et détenu au commissariat. Une détention qu’il juge "arbitraire " et contre laquelle il a porté plainte. Les deux gendarmes visés étaient jugés ce jeudi par le tribunal de Clermont-Ferrand. Laure Lehugeur, procureur de la République, a requis quatre mois de prison avec sursis à leur encontre, et 1.000 euros d’amende. L’affaire a été mise en délibéré au 16 juin.
Pour la magistrate, "il y a des limites où l'obéissance cesse d'être un devoir, c'est celles de la loi ". Elle estime que le militant, un éducateur spécialisé, a été "présenté pendant les réunions préparatoires comme l'ennemi public numéro 1 ". Laure Lehugeur voit un lien direct entre l’arrestation du syndicaliste et la venue de Nicolas Sarkozy : "La situation juridique est bancale, et pourtant Frédéric Le Marrec est resté de O9h45 à 13h45, l'heure où décolle l'hélicoptère présidentiel: si le lien de cause à effet n'est pas établi... "
"On le garde, on s’expliquera après"
D’après les conversations téléphoniques, le capitaine Pierre Pouly a ordonné aux gendarmes de la brigade de "garder " le militant au prétexte d'une "vérification d'identité ". "En fait c'est une interpellation déguisée, vous avez tous compris ", a-t-il dit. Ses subordonnés se sont montrés réticents et le capitaine a répondu : "Aaah, commencez pas à me parler de cadre, hein ! On le garde, on s'expliquera après ".
A la barre, le capitaine Pouly dit qu’il a "exécuté les consignes " de son supérieur, le colonel Patrick Martzinek. Ce dernier a reconnu "avoir donné l'ordre " mais estime qu'il ne s'agit pas d'une arrestation, Frédéric Le Marrec étant "libre " de partir. La défense s’appuie sur cet argument : "La brigade est un lieu de convivialité ", il n’y a pas eu "de contraintes physiques, l'ambiance était courtoise et amicale ", selon Me Deschamps, l’avocat du capitaine Pouly.
L’avocat du syndicaliste accuse quant à lui le préfet de l’Allier qui est selon lui "le donneur d’ordre ". Le préfet n’a pas été inquiété par la justice dans cette affaire, car le colonel Martzinek assure ne pas avoir reçu de consigne. Le militant réclame 5.000 euros de dommages et intérêts.
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