Quand le patron de France Télécom voulait des départs "par la fenêtre ou par la porte"
C'est lors de leurs investigations que les enquêteurs sont tombés sur cette note - édifiante, forcément. Le compte rendu d'une réunion de l'Acsed, l'Association des cadres supérieurs et dirigeants de France Télécom, du 20 octobre 2006. Le PDG Didier Lombard évoque clairement son objectif : réduire les effectifs pour dégager de la valeur. Le journal Le Parisien a eu accès à cette note, qui a depuis été expurgée. Pourquoi ?
Entre 2008 et 2010, 57 salariés de l'entreprise se sont suicidés. Les syndicats en prennent en compte 37 de plus, en 2007. Ils ont porté plainte ; selon eux, des pressions ont été exercées pour faire partir 22.000 personnes sans recourir à un plan social. Une instruction judiciaire a été ouverte - elle est quasiment bouclée. Et le Parisien croit savoir que, depuis la mise en examen l'été dernier de l'ex-PDG Didier Lombard, de l'ex-numéro deux Louis-Pierre Wenes et de l'ex-DRH Olivier Barberot, le juge a collecté des éléments qui pourraient alourdir les charges retenues contre eux. Poursuivis pour harcèlement moral, ils pourraient l'être finalement pour mise en danger de la vie d'autrui.
Il y a donc cette note de 2006. Qui a été expurgée. "La direction de l'Acsed m'a demandé de détruire" les enregistrements, raconte aux policiers la secrétaire de l'Acsed. Marie-Claude M. a même pris la liberté d'édulcorer certains propos. "Si on n'arrive pas à faire ça on n'échappera pas au plan social" est devenu "on n'échappera pas à des mesures plus radicales" . Et donc ce "je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte" , devenu "je ferai les départs d'une façon ou d'une autre" ...
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