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Pussy Riot : un an d'actions face à une justice russe inébranlable

L'une des membres du groupe a vu sa demande de libération anticipée rejetée. Et ce, malgré la mobilisation qui perdure, un an après leurs condamnations. 

Article rédigé par Héloïse Leussier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Maria Alekhina (G) et Nadejda Tolokonnikova, du groupe Pussy Riot, lors du procès qui a confirmé leur peine de deux ans de camp, le 10 octobre 2012, à Moscou (Russie). (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

L’heure n’est pas au pardon. Maria Alekhina, du groupe punk Pussy Riot, reste en prison. La justice russe a rejeté sa demande de libération anticipée, mercredi 24 juillet. La jeune femme, ainsi que deux autres membres du groupe, ont été condamnées, en août 2012, à deux ans de colonie  pénitentiaire pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse". Leur tort : avoir chanté une "prière punk" anti-Poutine dans une cathédrale, à Moscou.  

En octobre, l’une des trois jeunes femmes, Ekaterina Samoutsevitch, a été remise en liberté. Nadejda Tolokonnikova, qui a également réclamé une libération anticipée, sera fixée sur son sort vendredi, trois jours après la réponse négative de la justice russe à la demande de Maria Alekhina. Et ce, malgré une importante mobilisation pour faire plier la justice. Retour sur plusieurs actions menées depuis un an au nom de la liberté.

Une lettre sur la vie dans les camps

Pas un récit, mais "des mots pour décrire l'impossible". C’est ainsi que Maria Alekhina intitule la lettre qu’elle parvient à faire publier, au mois de décembre, dans l'hebdomadaire russe New Times, pour dénoncer les conditions de sa détention. La "zone" (expression utilisée pour désigner les camps) est "entourée d'usines et de taïga, écrit-elle. On y respire des fumées toxiques." La jeune femme de 25 ans, maman d’un petit garçon de 5 ans, conclut : "C’est une anti-vie." 

La colonie IK-28 à Berezniki, dans l'Oural (Russie), où Maria Alekhina, des Pussy Riot, purge sa peine. (PAVEL LISITSYN / RIA NOVOSTI / AFP)

Maria Alekhina, habituée des "discours passionnés" selon les Inrocks, avait déjà usé de sa plume enragée dans un discours qu’elle avait fait lire au moment de son procès.  Elle y comparait la Russie à un "organisme rongé par la maladie"."Ce tribunal n’est pas simplement une mascarade grotesque et cruelle, il est le visage du dialogue tel qu’il se pratique dans notre pays." 

Une grève de la faim

En mai, lors de l’examen de sa première demande de libération anticipée, Maria Alekhina n’a pas le droit d’assister à l'audience. Le tribunal justifie cette interdiction par le fait qu'elle ne s'est pas repentie, et qu'elle manque d'"initiative dans les tâches ménagères".

Pour protester contre cette décision, l'activiste russe engage une grève de la faim. Dans une lettre reprise par l'association Russie-Libertés, elle dénonce une fois de plus ses conditions de détention : "La situation dans la colonie est très difficile. Toutes les condamnées qui habitent ou travaillent à côté de moi sont isolées, ce qui les prive de la possibilité de recevoir l’aide médicale et aggrave la situation. (…) Je suis privée du droit à des appels téléphoniques, sans motivation, mais je ferai tout mon possible pour faire connaître ma situation et celle de la colonie 28, chère à mon cœur."

Maria Alekhina apparaît en vidéoconférence, lors de l'examen de sa demande de liberté anticipée par le tribunal de Berezniki (Russie), le 22 mai 2013. (MAXIM SHEMETOV / REUTERS)

Pendant son jeûne de onze jours, qui la conduit à un bref passage à l’hôpital, plusieurs personnalités, tels les musiciens Paul McCartney et Peter Gabriel, lui envoient des lettres de soutien. Finalement, la jeune femme met fin à sa grève après avoir obtenu un assouplissement de ses conditions de détention.

 L'appel d'une centaine d'artistes

Adele, Bryan Adams, Cat Power, Elton John, Madonna, Radiohead… et de nombreux autres artistes ont lancé un appel, lundi 22 juillet, pour réclamer la libération des membres des Pussy Riot. "Tout en comprenant qu'une action de contestation menée dans un lieu de culte puisse choquer, nous demandons aux autorités russes de revoir les sentences très lourdes prononcées, afin que vous [les Pussy Riot] puissiez retrouver vos enfants, vos familles et vos vies", écrivent-ils dans une lettre publiée par Amnesty International"Le droit à la liberté d'expression et le droit à la dissidence sont des droits légitimes et essentiels au fonctionnement de toute démocratie", rappellent la centaine d’artistes signataires.

Madonna porte l'inscription "Pussy Riot", lors d'un concert à Moscou, le 7 août 2012. (PICTURE PERFECT / REX F/REX/SIPA)

Dès le mois d’août 2012, la chanteuse Madonna avait plaidé la cause des punkettes russes en laissant apparaître l’inscription "Pussy Riot" sur son dos, lors d’un concert à Moscou. Son action s'inscrivait dans la foulée de la mobilisation internationale qui a succédé à la condamnation des Pussy Riot. 

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