Mediator : pas assez de dossiers indemnisés, le docteur Frachon repart au combat
Beaucoup trop de patients
victimes du Mediator se voient refuser leurs demandes d'indemnisations par l'Office
national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam). Affirmation ce dimanche
du docteur Irène Frachon, à l'origine du scandale du Mediator.
Elle vient de publier dans la
revue scientifique La presse médicale (lien payant) une nouvelle étude épidémiologique conduite avec deux
de ses confrères. Cette étude calcule le risque attribuable au
Mediator dans certaines pathologies cardiaques. "Nous avons confronté les résultats de
l'Oniam à ceux de récentes études épidémiologiques ciblées sur l'effet du Mediator.
Cela ne colle pas ", explique-t-elle.
"On risque de passer à d'un
déni médical à un déni de justice" (Irène Frachon)
La pneumologue affirme
que "pour l'Oniam, sur les dossiers que nous avons pu étudier (82), le
lien entre la prise de Mediator et les troubles constatés est reconnu dans
moins de la moitié des cas, quand les études mettent en avant une probabilité
de causalité supérieure à 90 %! "
> Fin
janvier , l'Oniam avait elle-même fait un bilan et avait estimé que "toutes les pathologies que nous avons
estimé imputables ont été prises en comptes".
Le Collège indépendant
d'experts qui travaille avec l'Oniam avait reçu fin janvier 7.734 dossiers
d'indemnisations dans l'affaire du Mediator et avait rendu 836 avis au total,
dont 64 positifs, soit près de 8% des avis rendus.
Des experts pas assez
formés
Les experts chargés d'étudier les dossiers des victimes du Mediator pour le
compte de l'Oniam manquent de formation selon Irène Frachon. "Il se
trouve aussi ", souligne-t-elle, "que la plupart de ces experts sont
cardiologues. Ce sont les mêmes qui n'ont pas vu la dangerosité du Mediator pendant
trente ans. Ce problème d'expertise n'est pas seulement celui de l'Oniam. Il
vise l'ensemble des procédures civiles et pénales. Pour le Mediator, des
centaines sont concernées! "
La pneumologue ne veut
porter aucune accusation mais elle estime que "les experts ont du retard par rapport aux données de la science ". Elle s'inquiète : "On ne peut pas se permettre de laisser des années
avant qu'ils réalisent le poids du Mediator ".
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