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Le patron de la PJ parisienne épinglé pour collusion avec Brice Hortefeux

Des écoutes téléphoniques ont révélé que Christian Flaesch a prévenu, fin novembre, son ancien ministre de tutelle des détails de sa convocation devant un juge.

Article rédigé par franceinfo
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Christian Flaesch (G), directeur de la police judiciaire parisienne, et Brice Hortefeux, alors ministre de l'Intérieur, le 15 janvier 2010 à Paris. (WITT / SIPA)

C'est une affaire dont Christian Flaesch se serait bien passé. Le directeur de la police judiciaire parisienne a prévenu fin novembre Brice Hortefeux qu'il allait être convoqué en tant que témoin dans l'enquête sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, comme le révèle Le Monde, lundi 9 décembre. La conversation téléphonique entre Christian Flaesch, nommé en 2007, et l'ex-ministre de l'Intérieur, qui était placé sur écoute dans un dossier distinct, a été enregistrée et transmise à un juge d'instruction parisien.

Selon le journal, le juge d'instruction parisien René Cros a informé fin novembre Christian Flaesch de son souhait de convoquer comme témoin Brice Hortefeux. L'ex-ministre a déjà été entendu en juin 2012 par la police dans le cadre de cette enquête pour "faux et usage de faux", ouverte après la plainte de Nicolas Sarkozy contre Mediapart. Le site internet d'informations a publié, le 28 avril 2012, un document étayant la thèse d'un financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, document dont l'authenticité est contestée.

Un épisode de la guerre des polices ?

Selon les informations du Monde, Christian Flaesch et Brice Hortefeux se sont entretenus au téléphone à trois reprises. C'est lors du dernier coup de fil que le patron de la PJ aurait indiqué à Brice Hortefeux qu'il serait entendu, non plus par des policiers, mais par le juge René Cros. Il a également révélé à l'ex-ministre qu'il serait questionné sur son emploi du temps, et sur des éléments justifiant sa présence en France, le 6 octobre 2006, jour où de l'argent libyen lui aurait été remis à Tripoli, selon le document de Mediapart.

Ces conversations, et leur ton amical, ont provoqué la fureur de Serge Tournaire, juge d'instruction chargé d'une enquête distincte portant, non pas sur la plainte déposée contre Mediapart, mais sur les accusations du financement libyen visant la campagne de Nicolas Sarkozy. C'est dans le cadre de cette enquête que Brice Hortefeux avait été placé sur écoute. Serge Tournaire suspecte alors une collusion entre Christian Flaesch et Brice Hortefeux, et rédige un soi-transmis, une demande d'information destinée au Parquet. Ce dernier ne relève aucune faute pénale, mais le ton des conversations étonne. Le dossier est transmis au parquet général, et Christian Flaesch est convoqué pour une mise en garde.

Mais d'après Le Monde, cette accusation de collusion pourrait avoir été volontairement révélée. Car Christian Flaesch était jusque-là un candidat sérieux pour devenir le nouveau patron de la direction centrale de la police judiciaire. Une concurrence que certains autres candidats auraient pu vouloir éliminer, comme le suspecte le ministère de l'Intérieur.

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