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Le calvaire de Marie-Christine Hodeau révélé à la justice

Manuel Da Cruz, le meurtrier présumé de cette assistante maternelle de 42 ans, est jugé à partir de mercredi. Retour sur une affaire criminelle retentissante. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les abords du lieu où Marie-Christine Hodeau a été enlevée le 28 septembre 2009 alors qu'elle faisait un jogging dans le bois de la Garenne (Essonne).  (JDD / SIPA)

Marie-Christine Hodeau "a véritablement vu arriver sa mort". L’avocat de cette assistante maternelle de 42 ans, séquestrée, violée et étranglée le 28 septembre 2009, compte bien révéler "le terrible calvaire" vécu par la victime au cours du procès de son meurtrier présumé, qui s’ouvre mercredi 2 novembre devant la cour d’assises de l’Essonne. "Ce dossier s'inscrit, comme vous le savez, dans un contexte de récidive", rappelle Dominique Polion sur le site de TF1 News.

Sur le banc des accusés, Manuel Da Cruz, 49 ans, quatre enfants, gardien d'une propriété privée dans le Loiret. Son précédent crime ? La séquestration et le viol d’une adolescente de 13 ans, Morgane Vallée, venue faire le ménage chez lui. Condamné en 2002 à onze ans de prison, l’homme bénéficie de remises de peine et d’une libération conditionnelle en 2007. Un an et un strict contrôle judiciaire plus tard, sa peine est considérée comme purgée et il se réinstalle à Echilleuses (Loiret), à quelques encablures du domicile de sa jeune victime. Celle-ci sera entendue dès le premier jour du procès, mercredi.

"Pulsion" ou préméditation ? 

C’est dans ce secteur que Manuel Da Cruz va croiser Marie-Christine Hodeau. Le procès devra notamment déterminer si l’accusé est tombé par hasard sur cette joggeuse matinale et qu’il a été pris d’une "pulsion", ou s’il l’avait repérée depuis plusieurs jours et préparé son crime. Deux éléments font pencher la balance en faveur de la seconde hypothèse : ce jour-là, le gardien conduit la vieille 106 grise de son employeur et non sa flamboyante BMW. Il est par ailleurs muni d’un couteau et de câble électrique.

Comme elle en a l’habitude trois fois par semaine, Marie-Christine Hodeau, célibataire et sans enfants, quitte la grande ferme en pierre de ses parents, à la sortie de Milly-la-Forêt (Essonne), pour aller faire son footing vers 9 heures du matin. Dans le bois de la Garenne, une 106 grise arrive à sa hauteur. Les faits s’enchaînent alors comme le scénario d'un thriller.

"Je vous appelle car j'ai été enlevée"

Enfermée dans le coffre, la quadragénaire compose le 17 avec son portable. "Je vous appelle car j'ai été enlevée", chuchote-t-elle avec sang-froid, communiquant le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule. La conversation avec la police est coupée au bout de deux minutes et vingt-deux secondes : Manuel Da Cruz l’a entendue. Il lui arrache son portable et poursuit son chemin jusqu'à un bois à Rumont, en Seine-et-Marne.

Là, il est accusé de l’avoir violée puis ligotée à un arbre avec du câble électrique. Inquiet d’avoir été repéré, il repart chez lui à Echilleuses pour changer de voiture. Entretemps, Marie-Christine Hodeau parvient à défaire ses liens. Elle décide de courir en direction de la route plutôt que de couper à travers les bois. Une BMW arrive, elle lui fait signe de s’arrêter. A bord, Manuel Da Cruz. Il s’arrête un peu plus loin et lui tend un guet-apens.

Le suivi socio-judiciaire en question

Marie-Christine Hodeau le supplie. Elle sera retrouvée morte étranglée deux jours plus tard à Buthiers (Seine-et-Marne), à la lisière d’un bois, son corps caché sous des branchages, sur les indications de son meurtrier présumé, arrêté chez lui trois heures après le rapt. Confondu par des prélèvements ADN, des témoignages et une multitude de preuves scientifiques, techniques et matérielles, Manuel Da Cruz reconnaît rapidement avoir enlevé, séquestré et étranglé la joggeuse. Il met un an, en revanche, à reconnaître le viol.

Pendant cinq jours, la cour d’assises va tenter de cerner la personnalité de cet homme, ancien alcoolique, qui a tenté de se suicider durant sa détention provisoire. Elle devra surtout établir si son suivi socio-judiciaire à sa sortie de prison était suffisant. "Manuel Da Cruz a été condamné et a purgé sa peine. La vraie carence du système, c’est après", note dans Le Parisien Dominique Polion. Pour toute réponse, Nicolas Sarkozy avait fait ressortir des cartons une énième loi sur la récidive en 2010, prévoyant de renvoyer en prison ceux qui refusent de se soigner.

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