Cet article date de plus de douze ans.

"La Société générale a chargé Kerviel au maximum", selon un témoin clé

FRANCE - Un financier de 55 ans, qui doit être entendu jeudi lors du procès en appel, affirme dans "Libération" que la banque a alourdi d'un milliard d'euros la perte imputable à l'ancien trader.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'ancien trader Jérôme Kerviel arrive à la Cour d'appel de Paris, le 4 juin 2012. (MARTIN BUREAU / AFP)

Jérôme Kerviel a promis un coup de théâtre, le voici peut-être. Le témoin clé de la défense de l'ancien trader, qui doit être entendu jeudi 14 juin par la cour d'appel de Paris, affirme dans Libération (article abonnés) que la Société générale a "chargé au maximum" le compte de Kerviel en 2008, en alourdissant la perte record de 4,9 milliards d'euros qui lui est reprochée. En première instance en 2010, l'ancien trader de 35 ans a été condamné à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts.

Philippe Houbé, 55 ans, qui travaille pour la société de courtage Newedge (ex-Fimat), filiale de la Société Générale, affirme dans le quotidien daté du 13 juin que "la perte finale ne peut pas être entièrement imputée au compte de Kerviel" et fait état d'irrégularités. Ce témoin assure avoir vu des comptes transférer des positions sur celui de Kerviel afin de "détériorer son résultat". "Ils ont regroupé toutes les opérations perdantes du desk et l'ont chargé au maximum", affirme-t-il, chiffrant selon Libération à un milliard l'alourdissement des pertes imputées à Jérôme Kerviel.

Enquêtes toujours en cours

"Selon moi, la banque connaissait l'ampleur des engagements de Kerviel dès l'année 2007", ajoute le témoin. "A la fin 2007, on ne connaissait pas forcément le nom de Kerviel. Mais au sein de Fimat, tout le monde était au courant que la Société générale avait pris des positions massives vendeuses", renchérit-il. "Et on se disait que cela venait en couverture d'autres positions devenues liquides à cause de la crise des subprimes" (crédits hypothécaires américains en partie responsables de la crise financière de 2008).

Jérôme Kerviel, qui se dit victime d'un complot, soutient que sa hiérarchie l'a laissé prendre d'énormes positions spéculatives afin de pouvoir masquer le moment venu les pertes de la banque liées à la crise des "subprimes". Peu avant l'ouverture du procès en appel, le nouvel avocat de Jérôme Kerviel, Me David Koubbi, avait assuré qu'il possédait des "pièces inédites" mais avait laissé planer le suspense. Deux enquêtes sont par ailleurs toujours en cours, après une plainte de la défense contre la banque pour "escroquerie au jugement" et "faux et usage de faux".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.