La défense veut démonter l'accusation de "fautes"
Les avocats du directeur de l'usine AZF et de Grande Paroisse veulent démonter les accusations de "fautes caractérisées"Les avocats du directeur de l'usine AZF et de Grande Paroisse veulent démonter les accusations de "fautes caractérisées"
Des accusations faîtes par le parquet qui a requis la prison avec sursis et lourdes amendes pour l'explosion de 2001.
Les défenseurs se succèdent à la barre pour contester fermement le "scénario d'accident chimique" décrit par l'accusation et pour inviter le tribunal à prononcer une relaxe, en refusant cette "thèse par élimination".
S'appuyant sur les experts judiciaires, l'accusation attribue la catastrophe au déversement accidentel sur un tas de nitrate d'ammonium du box d'entrée du hangar 221 d'un produit chloré (DCCNa) incompatible. Une substance récupérée avec une benne dans des sacs au hangar 335, par le salarié d'une entreprise sous-traitante, Gilles Fauré.
Les procureurs Patrice Michel et Claudie Viaud, ont stigmatisé "un dysfonctionnement grave dans la gestion des déchets, le recours à la sous-traitance (...) et le croisement de produits incompatibles" pour requérir "les peines maximales": 3 ans de prison, mais avec sursis, plus une amende de 45.000 euros contre l'ex-directeur Serge Biechlin, et 225.000 euros d'amende contre le propriétaire, Grande Paroisse.
Dialogue de sourds
"On a essayé de faire coller les faits aux hypothèses, mais du DCCNa il n'y en avait pas dans le 335, donc il n'a pas pu être apporté dans le 221", a dit vendredi Me Mauricia Courrégé.
Le procureur Patrice Michel avait affirmé avec autant d'assurance la présence de déchets de DCCNa dans ce hangar 335.
Ce dialogue de sourds a traduit pour la nième fois en quatre mois de procès la difficulté à trancher sur les indices matériels dans ce dossier qui a mobilisé des dizaines de scientifiques des deux bords: une expertise a retrouvé des "traces d'ions chlorures dans le hangar 335", qui peuvent être "issus de la dégradation de DCCNa (...) ou pas".
"Même si..."
Me Courrégé a poursuivi son entreprise de démolition en accumulant les "Même si...", pour conclure que "5 kilos de DCCNa" n'auraient pas pu provoquer l'explosion du tas de 300 tonnes le 21 septembre 2001 et que la reproduction de l'explosion, jugée probante par les experts, ne correspondait pas aux conditions "réelles".
Après Me Jean-Pierre Boivin, Me Chantal Bonnard s'est appliquée à démontrer que Serge Biechlin avait "respecté et appliqué toutes les règles de sécurité". Elle a souligné qu'on ne condamnait pas pour "homicides et blessures involontaires, fautes caractérisées exposant autrui à des risques d'une particulière gravité qu'on ne pouvait ignorer", avec "une série de miettes de fautes".
Avec verve, Me Jacques Monferran avait dès jeudi appelé le tribunal à "prendre le sac à dos" pour "grimper" à la recherche de la vérité plutôt qu'adopter la "limousine, luxueuse et climatisée" de l'accusation.
Absence de scénarios alternatifs
La défense a cependant reconnu qu'elle n'était toujours pas en mesure de proposer de vérité alternative, "d'assembler les pièces du puzzle".
Me Jean Veil avait été le premier à nier toute responsabilité de la maison-mère Total, "qui n'était pas l'exploitant", et de son ancien président Thierry Desmarest, poursuivis par certaines parties civiles mais pas par le parquet.
Me Daniel Soulez-Larivière cloturera les débats du procès lundi pour la défense. Le jugement est attendu le 19 ou le 20 novembre.
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