La Chancellerie veut muter le procureur Philippe Courroye
Les avocats de Philippe Courroye évoquent une "sanction
disciplinaire" : La pilule est dure à avaler pour celui qu'on avait
surnommé "le juge de fer" dès son arrivée sur la scène médiatique,
lui qui fut une figure de la lutte contre la corruption dans les années 1990 ,
grâce à ses condamnation de Michel Noir, alors maire RPR de Lyon ( ville natale
de Courroye) et d'Alain Carignon, à l' époque maire de Grenoble.
Philippe Courroye, bras armé de la justice dans les grandes affaires
politico-financières, n'a pourtant cessé de voir son image se ternir, jusqu'à
se retrouver sévèrement mis en cause, ce mercredi, par la Chancellerie. Pour justifier
sa décision, cette dernière explique vouloir "ramener la sérénité" au parquet de Nanterre... mais se refuse à évoquer des sanctions.
Pour le tombeur de Jean-Christophe Mitterand et Charles
Pasqua dans l'affaire de l'Angolate, ou encore du nationaliste corse Charles
Pieri, l'affaire Bettencourt sera un virage radical.
Dans le cadre de cette enquête,
le juge est mis en cause dans l'affaire des fadettes, soupçonné d'avoir tenté
de découvrir les sources des deux journalistes du Monde Gérard Davet et Jacques
Follorou. En janvier dernier, première dans l'histoire de la magistrature
française, le juge Courroye est mis en examen pour "collecte illicite de
données à caractère personnel par un moyen frauduleux déloyal et illicite ".
- En mars, les poursuites sont annulées mais le Monde se pourvoit alors en
cassation. La méthode Courroye choque, le Conseil Supérieur de la Magistrature
annonçait en juillet l'ouverture d'une enquête disciplinaire, à l'issue de laquelle le
juge encourt des sanctions qui peuvent aller du blâme à la révocation.
Cette fois, la mutation que lui impose la Chancellerie intervient après le vote d'une motion, à la suite d'un suicide d'un substitut, par le CHSCT du tribunal de grande instance de Nanterre. La Garde des Sceaux Christiane Taubira affirme que Philippe Courroye garde son grade de procureur, mais justifie cette décision "dans l'intérêt du service". Le juge, lui, a adressé jeudi une lettre de protestation à la Chancellerie : "Aucun élément objectif de nature à caractériser un comportement préjudiciable (...)ne figure dans mon dossier administratif".
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