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Karachi : Nicolas Sarkozy visé par une enquête judiciaire pour violation du secret de l'instruction

Trois juges d'instruction ont décidé d'enquêter sur la diffusion d'un communiqué de l'Élysée sur l'affaire Karachi en 2011. Il y était dit que le nom de Nicolas Sarkozy n'apparaissait pas dans le dossier. Mais comment pouvait-il le savoir ? Une question qui a conduit au dépôt d'une plainte des familles des victimes de l'attentat de Karachi en juin dernier.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Benoit Tessier Reuters)

Selon Le Monde et l'AFP qui révèlent l'affaire, Nicolas Sarkozy est sous la menace directe d'une mise en examen pour violation du secret de l'instruction. Trois juges du tribunal de Paris, Sylvia Zimmermann, Sabine Kheris et Camille Palluel, instruiraient en effet en toute discrétion depuis le mois de novembre la plainte déposée par les familles des victimes de l'attentat de Karachi en 2002 pour "violation du secret de l'enquête et de l'instruction" et "violation du secret professionnel". La plainte vise aussi Franck Louvrier, ex-conseiller à la communication de l'Élysée, et Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur.

Les faits remontent au 22 septembre 2011, quand l'Élysée publie un communiqué sur l'affaire Karachi, alors que la presse de l'époque évoque l'éventuelle implication de Nicolas Sarkozy. Deux phrases interpellent la magistrature : "S'agissant de l'affaire karachi, le nom du chef de l'État n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier ". Question immédiate : qu'en sait-il ?

> À relire Karachi : comment Nicolas Sarkozy peut-il savoir que son nom n'a pas été cité ?  

Cette déclaration, dont Franck Louvrier a assumé la paternité, rappelle Le Monde , met-elle en évidence une violation du principe d'indépendance de la justice ? Sitôt l'immunité présidentielle de Nicolas Sarkozy levée, le collectif des familles de victimes a porté plainte le 18 juin 2012. Mais le parquet a estimé qu'il n'était pas possible de poursuivre le chef de l'État, en vertu de l'article 67 de la Constitution stipulant que le Président "n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité ".

Pourtant, malgré cette réquisition, trois juges d'instruction ont décidé d'ouvrir cette enquête, rétorquant que "le fait de permettre la divulgation d'informations issues d'une instruction en cours n'entre pas dans les fonctions du président de la République telles qu'il les tient de la Constitution ". 

Me Morice, l'avocat des familles joint par France Info, se réjouit donc de cette instruction : "On a beaucoup expliqué que pour les familles, il n'y avait pas grand-chose à rechercher, que la transparence était totale , rappelle-t-il. Nous sommes en train d'avancer grâce au travail des juges. Mais il a fallu ferrailler contre le parquet qui a essayé d'entraver la recherche de la vérité. "

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