Incendie de la rue Erlanger à Paris : une peine de 27 ans de réclusion demandée contre l'accusée
Une peine de 27 ans de réclusion criminelle a été requise contre l'accusée, mercredi 22 février, au procès de l'incendie de la rue Erlanger à Paris, qui a provoqué la mort de 10 personnes en 2019. Le résultat, selon l'accusation, d'une "action volontaire et disproportionnée".
L'avocat général, Rémi Crosson du Cormier, a demandé que cette peine soit assortie de 18 ans de sûreté et de 15 années de suivi socio-judiciaire, comportant une obligation de soins et d'indemnisation des victimes. Le représentant de l'accusation a admis que le discernement de l'accusée était "altéré" au moment des faits, comme l'ont conclu deux expertises psychiatriques. Il a toutefois demandé au jury de ne pas appliquer la réduction de peine que permet le code pénal dans ce cas, "au regard de la gravité extrême de la tragédie" provoquée par son "action volontaire, vengeresse et disproportionnée".
Ni "un geste délirant", ni "un geste impulsif"
Essia Boularès, une femme de 44 ans qui souffre d'addictions et d'importants troubles psychiatriques, a reconnu avoir mis le feu dans son immeuble du 16e arrondissement de Paris dans la nuit du 4 au 5 février 2019, après un différend avec un voisin. Les fumées toxiques et les flammes avaient envahi en quelques minutes les huit étages de cet immeuble ancien en fond de cour, difficile d'accès pour les secours, piégeant de nombreux habitants dans leur appartement.
Si Essia Boularès a bien "une personnalité complexe", sa décision de mettre le feu n'est ni "un geste délirant", ni "un geste impulsif", mais le résultat de "sa colère non maîtrisée et exacerbée par son alcoolisme", a estimé le représentant de l'accusation. Incarcérée peu après les faits, Essia Boularès a effectué l'essentiel de sa détention provisoire dans une unité hospitalière spécialement aménagée, une structure dédiée aux détenus nécessitant des soins psychiatriques.
Dans la matinée, les avocats des victimes avaient appelé le jury à "rendre une justice à la hauteur de leurs souffrances" et à protéger la société "de manière durable et efficace" des actes de l'accusée. Les deux avocats d'Essia Boularès doivent plaider mercredi après-midi. Le verdict est attendu jeudi.
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