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"Une fois les charges payées, il me reste 450 euros par mois" : mobilisés contre la réforme des retraites, les jeunes avocats voient l'avenir en noir

Sur les 69 000 avocats que compte la profession, seuls 5% d'entre eux vivent confortablement. Avec la réforme à venir des retraites, les plus jeunes s'inquiètent pour leur avenir.

Article rédigé par franceinfo - Laure Debeaulieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un avocat lors d'une manifestation contre la réforme des retraites le 9 janvier 2020, à Toulouse. (PASCAL PAVANI / AFP)

Mobilisés contre la réforme des retraites, les avocats multiplient les actions depuis 10 jours, mais sont parfois mal perçus par l'opinion publique, qui pense que les avocats sont riches et ne sont pas à plaindre. Pourtant, ils sont nombreux à ne pas rouler sur l’or. "Être avocat, c'est être en location de vie, explique Niels Bernardini, 28 ans, inscrit au barreau de Paris depuis un an. Mais aujourd'hui, si la réforme passe, ce n'est plus de la location de vie, c'est un déficit de vie : on perdra de l'argent à travailler."

Charges, loyer, remboursement de prêt...

Niels Bernardini perçoit 3 950 euros chaque mois, payés par le cabinet qui l'emploie. Une fois que toutes ses charges sont payées (les cotisations retraite, assurance maladie, son loyer de 950 euros et le remboursement de son prêt étudiant), il faut qu'il fasse attention. "Une fois qu'on paye les charges, explique-t-il, les charges ordinales, les éléments de loyer, les frais pour se nourrir le midi, il reste à peu près 450 euros par mois. On travaille entre 45 et 50 heures par semaine. Du coup, on doit faire attention au quotidien..."

La profession d'avocat, c'est comme les voitures : il y a des Lamborghini et il y a des Clio. Et aujourd'hui, un jeune avocat, c'est plutôt une Clio...

Niels Bernardini, jeune avocat

à franceinfo

Après ses études de droit à Aix-en-Provence, Niels avait une autre image du métier. Aujourd'hui, avec la réforme, il s'inquiète pour l'avenir. "C'est un métier passion, je pense. Avec neuf ans d'études, il faut être passionné. On est partis pour 40 ans de travail ! Avec l'arrivée de la réforme, est-ce qu'on va pouvoir se payer ? Ou est ce qu'on va devoir augmenter nos frais pour nos clients ?"

Nos clients, ce ne sont pas les patrons du CAC 40. C'est monsieur et madame Tout-le-Monde. Ce sont des petites entreprises et des collectivités publiques qui ne pourront pas payer. Donc soit on ferme, soit on réduit notre capacité de travail.

Niels Bernardini, jeune avocat

à franceinfo

Dans le même cabinet du 9e arrondissement de Paris, Marion Couffignal a 8 ans de barreau. Elle commence à s'en sortir, mais ne cache pas qu'elle ignore si elle restera libérale toute sa vie : "Beaucoup de mes amis ont changé de métier aujourd'hui, confie-t-elle. J'ai 35 ans et c'est une chose à laquelle je pense souvent. J'y pense parce que je me dis qu'il est temps pour moi d'essayer de me sécuriser."

Je suis en emploi aujourd'hui, mais je pourrais très bien le perdre sans que l'on ait de justification à me donner. Et à l'issue de mon préavis, me retrouver sans ressources.

Marion Couffignal, avocate

à franceinfo

Sur 69 000 avocats en France, 5% vivent très confortablement. Restent des disparités par ailleurs importantes entre Paris (4 400 euros mensuels en moyenne) et les barreaux de région (aux alentours de 3 000 euros).

L'inquiétude des jeunes avocats

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