Cet article date de plus de neuf ans.

Soupçons de financement de la campagne de Sarkozy en 2007 : Claude Guéant présenté devant le juge

L'ancien ministre de l'Intérieur z été entendu, vendredi et samedi, concernant une somme de 500 000 euros versée sur son compte. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant, le 8 juillet 2013 au siège de l'UMP à Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

Claude Guéant a été entendu en garde à vue par la police judiciaire, dans une affaire de vente présumée de tableaux, vendredi 6 et samedi 7 mars. Il a également été interrogé sur le possible financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Samedi en début d'après-midi, il a été présenté au juge en vue d'une possible mise en examen. 

Une somme de 500 000 euros intéresse les enquêteurs

Les enquêteurs l'ont interrogé pour en savoir plus sur une somme de plus de 500 00 euros versée, depuis l'étranger, sur son compte en mars 2008. L'ancien ministre de l'Intérieur, qui fut aussi pendant dix ans le bras droit de Nicolas Sarkozy, avait justifié cette somme par la vente de deux tableaux du peintre hollandais Andries van Eertvelt à un avocat. Les enquêteurs se demandent si le cabinet d'avocats n'est pas une simple "boîte à lettres" dans la transaction et si cette vente de tableaux ne cache pas des mouvements de fonds suspects. 

Avec cet argent, Claude Guéant s'est acheté un appartement de 90 m2 dans le 16e arrondissement à Paris, d'une valeur de 717 500 euros, rappelle L'Express. Les enquêteurs avaient mis la main sur ce virement de 500 000 euros lors d'une perquisition dans le cadre de l’enquête sur le présumé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Une défense peu convaincante

En mai 2013, l'ex-ministre s'était justifié sur le plateau de France 2. Il avait expliqué avoir vendu les deux tableaux à un avocat malaisien, en 2008, "au prix que [lui] a proposé l'acheteur". Il assurait aussi être en possession de "toutes les pièces justificatives" de cette vente.

DLTFTV_MAM_3135435 (FRANCE 2)

Mais ses explications avaient été mises à mal. Tout d'abord, le ministère de la Culture avait affirmé n'avoir jamais reçu de demande de certificat d'exportation pour la vente des œuvres de van Eertvelt, rapportait France Info. Problème : tout tableau d'une valeur supérieure à 150 000 euros doit obligatoirement obtenir ce document pour être autorisé à sortir de France.

Une "anomalie par rapport aux prix du marché"

"Soit la vente de ces tableaux ne serait qu’une fiction, cachant une source de financement bien plus opaque, soit il se serait rendu coupable d’exportation illégale de trésors nationaux, un délit passible de deux années d’emprisonnement et d’une amende de 450 000 euros", précisait le site spécialisé La Tribune de l'Art.

Par ailleurs, la somme de 500 000 euros interpelle. La société Artprice, numéro un mondial des données sur le marché de l'art s'étonnait en 2013"C'est une anomalie par rapport aux prix du marché, au regard des données indicielles et économétriques sur cet artiste." Les toiles d'Andries van Eertvelt, spécialiste des batailles navales, se vendent, en moyenne, à 41 000 euros. Et, selon Artprice, la "valeur type" d'un tableau comparable à ceux évoqués par Claude Guéant, est de 15 127 euros (hors frais). 

Pour ce peintre néerlandais, le record a été établi en 2010, avec La bataille de Lépante, pour une somme de 68 750 euros (frais compris). "Il n'y a pas de recherche frénétique de ce peintre", expliquait Artprice. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.