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Fin de vie : Bonnemaison évoque sa "difficulté" à associer les familles

Au premier jour de son procès aux assises de Pau, l’urgentiste Nicolas Bonnemaison a évoqué les “difficultés” à appliquer la loi Leonetti sur la fin de vie. Il a rappelé également sa “passion” pour la médecine. Il est accusé d’avoir empoisonné sept patients âgés et encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Nicolas Bonnemaison en 2011 à Pau. © Maxppp)

Les premiers mots de Nicolas Bonnemaison, l’urgentiste bayonnais accusé d’empoisonnement sur sept de ses patients décédés entre février 2010 et août 2011, ont été à l’adresse des familles des victimes. Devant la Cours d’assises à Pau, il a dit d’abord penser à eux et à ses patients. "On vit des choses fortes avec les patients en fin de vie, des choses qui marquent le médecin (...) Comparaître ici comme un criminel, un assassin, un empoisonneur, c'est violent ", a dit l'urgentiste.

Dans son costume gris, les cheveux courts et les traits tirés, le médecin de 53 ans a ensuite raconté sa passion pour son métier, une "vocation " forgée auprès de son père, médecin et directeur de clinique, et de sa mère, infirmière. Puis il a parlé de sa vie privée, de son père qui s’est donné la mort à 58 ans, des tentatives de suicide d’une soeur souffrant de troubles bipolaires, qui trouvera finalement la mort en 2012.

Des "idées suicidaires "

Il a reconnu lui-même avoir vécu plusieurs troubles dépressifs, pendant et après ses études, qui l’ont menés à l’hôpital comme patient à plusieurs reprises. Mais alors que le président Michel Le Maître l’interroge pour savoir s’il avait, lui aussi, déjà fait des tentatives de suicide, l’accusé répond par la négative : "Non jamais. J'ai eu des idées suicidaires, mais je n'ai jamais menacé de le faire ".

A l'audience, le médecin a également reconnu sa "difficulté " à associer les familles aux décisions concernant les patients en phase terminale; "Donner le choix à la famille de prescrire ou de ne pas prescrire la sédation, c'est quelque chose de délicat ", a-t-il expliqué, soulignant un choix cornélien entre le "risque de diminution de l'espérance de vie " et celui de prolonger la vie "au prix de souffrances". "Une source de culpabilité dans les deux cas ".

"Un véritable débat de société "

Seuls des proches de deux victimes se sont portés parties civiles. Des proches, qui n'ont pas "de colère ", mais "veulent des explications ", a dit à la presse une de leurs avocates, Me Valérie Garmendia. Pour la défense, le procès de l'urgentiste est avant tout celui de la "fin de vie "."On va avoir un véritable débat de société, tout le monde le veut ", a estimé Me Benoît Ducos-Ader.

"Il faut éviter de le comparer aux empoisonneurs les plus célèbres." (Benoît Ducos-Ader, avocat de Nicolas Bonnemaison)

Le procès intervient en plein débat sur une éventuelle réforme de la loi Leonetti censée règlementer les droits des malades terminaux sans autoriser l'euthanasie, admise en Belgique ou aux Pays-Bas. Jeudi, le procès, dont la fin est prévue pour le 27 juin, entrera dans le vif du sujet avec l'audition comme témoins de membres du personnel médical de l'Hôpital de Bayonne, dont certains avaient dénoncé le médecin.

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