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Enquête préliminaire sur Cahuzac : peut-il rester ministre du Budget ?

Une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale a été ouverte mardi par le parquet de Paris afin de vérifier si Jérôme Cahuzac a détenu un compte en Suisse. Il s'agit de l'affaire révélée par le site Médiapart. Le ministre du Budget a le soutien "par définition" du président de la République et du Premier ministre.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Philippe Wojazer Reuters)

Dans un communiqué, Jérôme Cahuzac a assuré mardi soir qu'il accueillait  l'ouverture d'une enquête préliminaire "avec satisfaction " car "cette démarche permettra, comme il l'a toujours affirmé, de démontrer sa complète innocence des accusations absurdes dont il fait l'objet" .

"Le soutien du président et du Premier ministre "

Pour le moment, le ministre du Budget peut compter sur le soutien de l'exécutif. Interrogé par l'AFP, l'entourage du présidence de la République a indiqué  : "Il n'y pas d'éléments qui amèneraient à changer la situation de Jérôme Cahuzac. Il est membre du gouvernement, par définition, il a le soutien du président et du  Premier ministre ".

Ainsi que celui du ministre de l'Economie. Pierre Moscovici s'est dit convaincu que Jérôme Cahuzac passera l'année 2013 à Bercy : cette enquête "est un élément qui lui permettra de démontrer son innocence."

Mais cette intervention de la justice, même au simple stade de l'enquête préliminaire, devrait tout de même compliquer sa tâche de ministre. C'était en tout cas ce que pensait le candidat François Hollande au moment d'une affaire qui avait touché le gouvernement précédent, à savoir la démission de Georges Tron le 29 mai 2011. Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique avait démissionné après avoir été visé par une enquête judiciaire sur des accusations
d'agression sexuelle.

Et à l'époque François Hollande avait estimé sur France 5 qu'il avait bien fait :

"Quand on est ministre,  il y a une difficulté supplémentaire à assurer et la présomption
d'innocence et la défense. Il y a toujours une suspicion que la position de
membre de gouvernement pourrait influencer la justice".

A fortiori car la lutte contre la fraude fiscale est du ressort du ministère de l'Economie et des Finances auquel est lié le ministre du Budget. Même si les investigations ont été confiées à la division nationale d'investigations fiscales et financières qui dépend elle du ministère de l'Intérieur.

"Une situation de conflit d'intérêts qui ne pourra que générer des suspicions" (Georges Fenech)

Du côté de la droite, l'UMP ne semble pas avoir fait du ministre du Budget sa cible prioritaire. Interrogé mercredi, Jean-François Copé, le président de l'UMP, a insisté sur la nécessité de " respecter la présomption d'innocence ".

Mais le député UMP Georges Fenech, magistrat de formation s'étonne lui, dans un communiqué, du maintien au gouvernement de Jérôme Cahuzac : "Le ministre en charge du Budget, ayant autorité sur l'administration fiscale, se trouve de fait dans une situation de conflit d'intérête qui ne pourra que générer des suspicions quant à l'entière liberté d'action d'une administration placée sous ses ordres et qui pourrait être amenée à répondre aux enquêteurs. "

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