Démantèlement du réseau crypté EncroChat : un "tournant" contre le crime organisé, 6 500 personnes arrêtées
Le démantèlement en 2020 du réseau mondial de communications cryptées EncroChat a constitué "un tournant" dans la lutte contre le crime organisé, selon un bilan tiré mardi 26 juin par Europol. Selon l'agence européenne, grâce à cette opération, plus de 6 500 personnes ont été arrêtées et "une centaine d'assassinats ou enlèvements" ont été évités.
Les agences de coopération européennes policière, Europol, et judiciaire, Eurojust, ainsi que les parquets français et néerlandais ont présenté ce tableau de chasse lors d'une conférence de presse à Lille (Nord), d'où l'enquête avait été lancée en 2018 après la localisation à Roubaix de serveurs d'EncroChat. A ce stade, près de 900 millions d'euros d'avoirs criminels ont été saisis ou gelés, plus de 100 tonnes de cocaïne, 160 tonnes de cannabis, 923 armes, 40 avions ou encore 271 maisons et propriétés ont été saisies, a listé Europol. Parmi les personnes arrêtées, il y a 197 "cibles de grande valeur".
115 millions de "conversations criminelles"
Les condamnations prononcées grâce au décryptage se montent à 7 134 années de prison. "Jusqu'à 123 pays" ont été concernés par l'opération, qui a "indubitablement marqué un tournant dans la lutte contre le crime organisé" et la coopération internationale pour y faire face, a souligné Jean-Philippe Lecouffe, directeur exécutif adjoint d'Europol. L'infiltration de ce réseau qui promettait à des groupes criminels une absence de traçabilité absolue, a permis d'intercepter 115 millions de "conversations criminelles" d'environ 60 000 utilisateurs.
En France, 84 procédures ont été ouvertes, a précisé la procureure de Lille, Carole Etienne. Les utilisateurs du réseau étaient "particulièrement concentrés dans les pays d'origine et de destination" du trafic de drogue, et "dans les centres de blanchiment d'argent", relève Europol.
Le démantèlement d'EncroChat avait été annoncé en juillet 2020 par les autorités judiciaires et policières françaises et néerlandaises, après que le réseau eut détecté, le 13 juin 2020, avoir été infiltré. EncroChat vendait pour environ 1 000 euros des téléphones entièrement cryptés, sans caméra, microphone, GPS ou port USB, avec une option "code pin panique" permettant un effacement éclair. De quoi rapporter, en trois ans, "environ 200 millions d'euros au groupe qui l'a mis sur pied", selon Europol.
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