Claude Guéant se défend de tout blanchiment d'argent, mais des zones d'ombres subsistent
Les 500.000 euros versés sur son compte
Le Canard enchaîné affirme qu'un virement de 500.000 euros provenant
de l'étranger a été découvert sur le compte en banque de Claude Guéant. L'ancien
ministre de l'Intérieur ne le nie pas. Au micro d'Olivier Delagarde, il
explique cette somme par la vente de deux tableaux d'un peintre flamand du
XVIIe siècle, Andries
van Eertvelt (1590-1652).
Le problème, c'est que, selon la société Artprice, le prix
médian des tableaux de ce peintre s'élève à 41.000 euros. Le prix record pour
l'un de ses tableaux a atteint à 140.000 euros lors d'une vente aux enchères
organisée il y a trois ans par Sotheby's Amsterdam.
" Un achat, c'est l'acheteur qui le fait, se
défend Claude Guéant, et je lisais Le Monde tout à l'heure qui fait état de
prix très différents. Il fait état de pratiques habituelles autour de 170.000
euros par tableau et d'une mise à prix entre 300.000 et 500.000 pour un seul
tableau. "
Et si cet argent provient d'un compte à l'étranger, c'est
que "l'acheteur est étranger ", raconte Claude Guéant qui voit dans
ces attaques une conséquence de "cette affaire de transparence du patrimoine
que le président de la République veut développer. Elle va faire des ravages incroyables dans notre société " .
" Tous les Français vendent des choses de temps en
temps. Tous le monde n'a pas de tableaux à vendre mais ils vendent des voitures,
des meubles, des maisons. Cela se fait, ce sont des pratiques banales " ,
assène Claude Guéant qui explique avoir toutes les éléments de preuve et les
justificatifs : " J'en disposais le jour de la perquisition et j'ai même
fait inscrire sur le PV de perquisition que je les avais. "
Des factures payées en liquide
Selon le Canard enchaîné , des factures payées en liquide ont
été retrouvées lors de la perquisition. Claude Guéant explique que cette argent
liquide provient des primes de cabinet, c'est-à-dire des fonds secrets.
Le hic, c'est que ces fonds secrets ont été supprimés par le
gouvernement Jospin en 2002. Pour Claude Guéant, qui travaillait au ministère de l'Intérieur
avec Nicolas Sarkozy de 2002 à 2004 puis de 2005 à 2007, "i l y avait un régime spécifique au
ministère de l'Intérieur car plusieurs milliers de fonctionnaires – dont les
membres de cabinet – étaient rémunérés par un budget spécifique appelé les
frais de police ". Selon lui,* " il a fallu du temps pour rebâtir
un régime indemnitaire. Le ministère de l'Intérieur n'a pas appliqué tout de
suite la réforme décidée. " Une affirmation démentie par Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin.*
Ces primes pouvaient s'élever à plusieurs milliers d'euros
par mois et n'étaient pas déclarées. " Ce système indemnitaire était
appliqué avec la tolérance des services fiscaux, c'était de notoriété publique.
Il était établi depuis belle lurette. Quand je suis arrivé en 1977, j'ai
découvert ce système, je l'ai redécouvert en 1993. Il existait jusqu'à ce
qu'avec Nicolas Sarkozy nous y mettions un terme. Il était absolument connu et
avait la tolérance des services fiscaux ".
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