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Arbitrage Tapie : Christine Lagarde placée sous statut de témoin assisté

La directrice générale du Fonds monétaire international a été placée sous statut de témoin assisté vendredi par la Cour de justice de la République (CJR). Elle a été auditionnée pendant deux jours sur son rôle dans l'arbitrage privé rendu en 2008 en faveur de Bernard Tapie, dans le litige l'opposant au Crédit Lyonnais après la vente d'Adidas. L'ex-ministre de l'Economie échappe donc à la mise en examen.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Stephane Mahe Reuters)

Après deux jours et plus de 23 heures d'audition, Christine Lagarde évite la mise en examen. L'ex-ministre de l'Economie a été placée sous statut de témoin assisté vendredi par la Cour de justice de la République (CJR), pour son rôle dans l'arbitrage privé rendu  en 2008 en faveur de l'homme d'affaires Bernard Tapie. Le statut de témoin assisté, propre au droit français, est un intermédiaire entre celui de témoin et celui de mis en examen. 

"Mes explications ont permis d'apporter les réponses aux doutes qui avaient été soulevés concernant les décisions que j'avais prises à l'époque" (Christine Lagarde)

"Mon statut de témoin assisté n'est pas une surprise pour moi puisque j'ai  toujours agi dans l'intérêt de l'Etat et conformément à la loi ", a déclaré à la presse la patronne du Fonds monétaire international, visiblement fatiguée à l'issue de son audition vendredi. "Mes explications ont permis d'apporter les réponses aux  doutes qui avaient été soulevés concernant les décisions que  j'avais prises à l'époque ", a-t-elle dit lors d'une brève allocution en français et en anglais. Elle a indiqué que sa priorité était maintenant de rentrer à Washington pour se remettre au travail.

Pour le FMI, c'est un soulagement. L'institution a réagi en indiquant qu'il évoquerait "dans les prochains jours " la situation de sa directrice générale, après lui avoir apporté sa confiance "à plusieurs reprises ".

Un dossier pas forcément clos

Cette procédure concernant Christine Lagarde est ouverte depuis l'été 2011 à la CJR, pour complicité de détournement de fonds publics et de faux. En 2008, alors ministre de l'Economie, elle avait choisi de solder par un arbitrage privé le litige opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais, concernant la vente d'Adidas en 1993. Le tribunal arbitral avait alors octroyé 403 millions d'euros à l'homme d'affaires. Christine Lagarde s'est toujours défendue d'avoir cherché à favoriser Bernard Tapie. 

Après deux ans d'enquête et deux jours d'audition, les magistrats ont donc jugé vendredi qu'ils n'avaient pas assez de matière pour accuser Christine Lagarde. "Il n'y a pas d'indices graves et concordants mais quand même des indices de sa mise en cause dans ce dossier " pour qu'elle soit placée sous le statut de témoin assisté, explique sur France Info Thomas Clay, professeur de droit à l'université de Versailles et spécialiste en droit de l'arbitrage international.

Le dossier n'est donc pas forcément clos, les magistrats de la Cour de justice de la République poursuivent leurs investigations, et pourraient décider à tout moment de modifier le statut de la patronne du FMI. Christine Lagarde "reste bien sûr à la disposition de la justice ", a indiqué son avocat à l'issue de l'audition.

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