Air cocaïne : les pilotes probablement "exfiltrés clandestinement"
Maître Jean Reinhart est formel, ses clients ne se sont pas évadés de République dominicaine où ils étaient pourtant assignés en résidence jusqu'à leur procès en appel. Mais pour Jérôme Pierrat, journaliste, auteur de L'affaire Air cocaïne, mafia et jet privé (ed. Seuil), ils ont quand même "plutôt pris la fuite ".
Aucune réaction lundi soir de Saint Domingue, pas plus que du Quai d’Orsay. Le dossier est sensible. Et le régime risque de se resserrer pour les deux personnes condamnées dans cette même affaire et restées sur place. "Le procès en appel risque d'être tendu pour eux ", souligne Jérôme Pierrat.
Une aide locale ?
On ignore comment les deux pilotes français ont pu quitter la République dominicaine mais selon Jérôme Pierrat, "ils ont visiblement été exfiltrés clandestinement du pays avec des aides extérieures ". Une hypothèse que refuse de confirmer leur avocat, Maître Jean Reinhart. Leur défenseur laisse toutefois entendre qu'ils ont été aidés sur place.
"Les Dominicains ont été choqués de la décision contre les Français et ils ont peut être beaucoup aidés à ce qu'ils puissent prendre le chemin du retour."
Me Reinhart évoque aussi le cas d'un des deux autres Français toujours en République dominicaine.
"Il a été renversé par une moto il y a deux ou trois jours et sa santé est assez critique. Et je sais que le ministère des Affaires étrangères fait des démarches extrêmement actives pour qu'il puisse être sauvé et être rapatrié."
La France va devoir se prononcer
Les relations entre la France et la République dominicaine pourraient se crisper après cette affaire. La France va bien devoir se prononcer à leur encontre, soit en les jugeant ici, "puisqu'il y a un volet français dans cette affaire qui est encore en cours d'instruction en France ", rappelle Jérôme Pierrat, soit en les ré-extradant vers la République dominicaine, ce dont le journaliste, spécialiste du dossier, "doute fortement ".
Quatre Français, dont les deux pilotes Pascal Foret et Bruno Odos, avaient été condamnés en août dernier à 20 ans de prison, accusés d'avoir voulu convoyer 680 kilos de cocaïne à bord d'un jet privé en 2013, répartis dans 26 valises. Les deux pilotes ont toujours niés être impliqués dans cette affaire. "Quand on regarde les faits, l'affaire est assez trouble, on ne sait pas très bien si la cocaïne a existé ou pas. Eux, en tous cas, ont toujours nié et a priori ils auraient plutôt pêché par négligence quant aux cargaisons transportées, si cocaïne il y avait, que comme trafiquants. Rien ne les condamne fermement dans cette affaire et on a plutôt 'impression qu'ils ont été pris au piège" , explique Jérôme Pierrat.
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