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Affaire Tapie : Le Monde publie des lettres étayant les soupçons d'escroquerie

Le quotidien publie lundi matin deux lettres envoyées en 2006 par Maurice Lantourne, l'avocat de Bernard Tapie, à Pierre Estoup, l'un des juges-arbitres ayant accordé 403 millions d'euros à l'homme d'affaires, deux ans plus tard. Pourtant, l'avocat, mis en examen pour escroquerie en bande organisée, a toujours affirmé n'avoir jamais abordé la question avant l'arbitrage.
Article rédigé par franceinfo
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Les révélations du Monde , publiées ce lundi, avaient déjà été abordées par Mediapart le 18 juillet dernier. Mais le quotidien du soir apporte cette fois des précisions importantes, et un épisode de plus au feuilleton de l'arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie en 2008.

Selon les deux journalistes qui co-signent l'article, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, les enquêteurs ont mis la main récemment sur des documents compliquant singulièrement la défense du camp Tapie. Début juillet, lors d'une perquisition au cabinet d'avocats d'affaires Fried Franck, ancien employeur de Maurice Lantourne, ils ont retrouvé deux lettre signées par l'avocat de Bernard Tapie. Des lettres rédigées les 5 et 12 septembre 2006 et adressées à l'un des futurs juges-arbitres qui solderont le conflit deux ans plus tard, Pierre Estoup. Dans le premier courrier référencé "Affaire BT", Maurice Lantourne joint les pièces essentielles afférentes au conflit entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais, qui se soldera en 2008 par l'attribution, après une procédure d'arbitrage contestée, de 403 millions d'euros à l'homme d'affaires.

Lantourne et Tapie démentent

Problème : Maurice Lantourne et Pierre Estoup, tous deux mis en examen pour escroquerie en bande organisée, ont toujours affirmé aux juges d'instruction n'avoir jamais abordé la question de l'arbitrage avant 2008. Ce que viendrait donc contredire ces deux courriers, et mettre en péril l'axe de défense adopté.

Le Monde a fait réagir l'avocat, qui appelle "à la plus grande prudence sur les documents saisis, qui ne sont parfois que des projets de lettres ". Il ajoute : "Je maintiens n'avoir jamais demandé à Monsieur Estoup de travailler en 2006 sur ce dossier ". Une défense adoptée également par Bernard Tapie, interrogé sur BFMTV : "98,5 % de ce qui est écrit est bidon " affirme l'homme d'affaires.

De son côté, Pierre Estoup n'a pas réagi mais son avocat assure ne pas avoir eu connaissance des deux lettres.

Désormais, un autre acteur du dossier pourrait être inquiété. Lors des perquisitions menées début juillet, les enquêteurs ont également retrouvé des courriers adressés à un autre juge-arbitre, Jean-Denis Bredin. Parmi les trois juges-arbitres, seul Pierre Estoup a pour l'instant été formellement mis en examen pour escroquerie en bande organisée.

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