La Pologne envisage l'interdiction totale de l'avortement : "Un recul extrême"
Le Parlement polonais entend interdire l’avortement, sauf si la vie de la mère est en danger. Une décision "terrible" et "une régression", a déclaré sur franceinfo Christine Mauget, responsable du secteur international au Planning familial.
Habillez-vous en noir, n’allez pas travailler, et défendez vos droits. C’est l’appel lancé aux Polonaises lundi 3 octobre sur Facebook. Une journée de grève générale sans précédent dans le pays pour dénoncer le projet de durcissement de la loi sur l’IVG, déjà l'un des plus restrictives d'Europe. Le Parlement entend interdire l’avortement, sauf si la vie de la femme enceinte est en danger immédiat.
"C’est terrible", a estimé Christine Mauget, responsable du secteur international au Planning familial, lundi 3 octobre sur franceinfo. "On sait qu’une femme meurt des suites d’avortement clandestin toutes les neuf minutes dans le monde, comment peut-on condamner les femmes polonaises à la mort ? C’est un tel cynisme !", s'est-elle insurgée.
La Pologne a été condamnée en 2007 et 2012
Selon Christine Mauget, c’est "une régression qui est en train de se mettre en place en Pologne". La législation dans le pays était "déjà extrêmement contraignante", explique Christine Mauget, les femmes ne pouvaient avorter "qu’en cas de viol ou d'un inceste, et avec des contraintes pas possibles, ou dans le cas d’un risque fœtal". "Dans ce cadre légal, ajoute-t-elle, la Pologne a déjà été condamnée par deux fois par la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH), en 2007 et en 2012".
"C’est un recul extrême", pour la responsable du secteur international au Planning familial. En Europe, certains pays n’autorisent toujours pas l’avortement. La Pologne va ainsi rejoindre "des pays comme Malte ou encore comme L’Irlande", explique encore Christine Mauget.
Plusieurs centaines d'IVG légales sont pratiquées chaque année en Pologne, selon les statistiques officielles, mais des militants pro-avortement estiment le nombre d'interventions illégales à plusieurs dizaines de milliers, de nombreuses femmes se rendant en Allemagne ou en Slovaquie pour avorter.
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