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Délit d'entrave à l'IVG : quand un prêtre promet "l'enfer éternel" aux parlementaires socialistes

Le prêtre estime que la proposition de loi, qui vise à étendre le délit d'entrave à l'Interruption volontaire de grossesse aux sites internet diffusant de fausses informations, s'oppose "à la loi naturelle, à la loi de Dieu".

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Catherine Coutelle, députée de la Vienne, lors des questions au gouvernement à Paris, le 8 novembre 2016. (MAXPPP)

Comme un retour aux années 1970, quand Simone Veil défendait la loi pour l'avortement. Plus de quarante ans plus tard, les parlementaires ont partiellement rouvert le débat, jeudi 1er décembre, discutant d'une proposition de loi soutenue par le gouvernement qui vise à étendre le délit d'entrave à l'Interruption volontaire de grossesse (IVG) aux sites internet diffusant de fausses informations sur l'avortement.

Au milieu des échanges houleux, les députés socialistes, dont Catherine Coutelle, présidente de la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes, ont fait part d'un e-mail, reçu la veille, de la part d'un prêtre.

Le courriel envoyé se résume en fait à cette phrase.

Si vous signez la proposition de loi de demain interdisant les sites internet pro-vie, vous signez votre entrée dans l'enfer éternel !

un prêtre

dans un mail adressé aux parlementaires

Dans l'entourage de Catherine Coutelle, joint par franceinfo, on reconnaît que la formulation de ce mail est plutôt "atypique". En revanche la démarche, elle, est habituelle. "Les députés font l'objet d'une campagne de lobbying quotidienne. Il y a une organisation très structurée des réseaux catholiques réactionnaires. Ils s'étaient déjà mobilisés pour le mariage pour tous. C'est encore le cas", explique-t-on. 

"Ce texte veut supprimer toute information possible"

Contacté par franceinfo, le prêtre en question, qui pratique aussi l'exorcisme, reconnaît être l'auteur de l'e-mail, mais souhaite garder son anonymat "pour des raisons de sécurité". Il assure qu'il était important de prévenir les parlementaires. "En signant la condamnation d'un innocent, ils prennent de grands risques pour leur salut éternel. Ils s'opposent à la loi naturelle, à la loi de Dieu. Tuer un enfant dans le ventre de sa mère ne peut pas être un acte bon. C'est criminel", justifie-t-il. Par ailleurs, ce prêtre estime qu'avec cet amendement, "les femmes n'auront plus l'occasion de sauver leur enfant". "Ce texte veut supprimer toute information possible", développe-t-il.

De son côté, la Conférence des évêques, contactée par franceinfo, assure ne pas être au courant de la démarche du religieux. "Chaque prêtre a le droit d'écrire ce qu'il veut, il n'y a pas de lien hiérarchique, la Conférence ces évêques n'est pas au-dessus des prêtres mais à leur service. Par ailleurs, nous avons déjà dit ce que nous pensions de la proposition de loi, maintenant nous laissons faire le travail", explique-t-on. L'archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, Georges Pontier, a, en effet, adressé une lettre ouverte à François Hollande afin qu'il fasse échec à la nouvelle proposition de loi. 

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