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Inondations dans le Sud-Ouest : "Je suis debout depuis 3 heures du matin"

Les pluies torrentielles qui s'abattent dans la région depuis jeudi ont provoqué une hausse du niveau de plusieurs cours d'eau. Témoignages d'habitants.

Article rédigé par Marie Deshayes
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
A Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le 21 mai 2013. (GAIZKA IROZ / AFP)

Six départements du Sud-Ouest sont toujours placés en vigilance orange par Météo France, vendredi 31 mai, à cause d'un risque de crues : les Landes, le Tarn-et-Garonne, le Lot-et-Garonne, les Hautes-Pyrénées, le Gers, la Haute-Garonne. L'alerte a été levée pour l'Ariège, le Tarn et les Pyrénées-Atlantiques.

Comment les habitants vivent-ils ces intempéries ? Entre franche inquiétude et simple surveillance, ils prennent plutôt la situation avec philosophie. Témoignages.

A Orthez, on s'agace des crues à répétition

Non loin de Pau (Pyrénées-Atlantiques), le camping de la Source a les pieds dans l'eau. "Le ruisseau de Rontrun fait encore des siennes. C'est la cinquième fois depuis janvier, soupire Elisabeth San Augustin, la gérante. Il y a quinze jours, il était monté à 1,50 m. Là, ce n'est pas aussi haut, mais l'accès au camping a été bloqué pendant une heure et demie. Le niveau est redescendu, mais maintenant, il faut tout nettoyer : l'eau a ramené du sable, des branchages…"

On sent aussi poindre l'agacement dans la voix de son frère et associé Joël San Augustin, debout depuis 3 heures du matin. "Je fais tout pour que mes clients ne courent aucun danger, parce que quand je gère quelque chose, je le fais à fond. Mais c'est très lourd, je déploie des moyens humains colossaux."

Elisabeth ne se laisse pas abattre, et va préparer les chalets réservés pour quatre jours. "Hier, on a accepté deux camping-cars. On hésite à en prendre d'autres. S'il faut les évacuer…"

La gérante a peu d'espoir que cela s'arrange : un réservoir situé juste avant le camping et destiné à absorber le surplus d'eau a été condamné, et la zone commerciale toute proche se construit de plus en plus. "C'est d'autant moins de zones qui peuvent pomper l'eau. Il faut être honnête, si ça continue, on va arrêter, affirme Elisabeth. On a chaque année au moins une ou deux inondations. En 2006, l'eau était montée à 2,80 m."

Le camping s'apprête tout de même à profiter d'une semaine de répit, avec le beau temps qui doit pointer le bout de son nez. Mais pour cet été ? "On ne maîtrise rien, avec toute la neige des Pyrénées qui est tombée et qui doit fondre..."

A L'Isle-de-Noé, le maire ne dramatise pas

Cette commune d'environ 600 habitants est située dans le Gers, à la confluence de deux rivières, la Petite et la Grande Baïse. Alors forcément, le stress est monté avec le niveau de l'eau. "Si les deux Baïse montent en même temps, on aura de l'eau dans le village, indique le maire, Patrice Dison. Mais le niveau, qui a augmenté de dix centimètres toutes les demi-heures, s'est stabilisé."

C'est la troisième fois depuis le début de l'année que les crues menacent. Dans sa commune, les pompiers sont intervenus sur sept foyers isolés, pour faire du débardage afin de dégager les routes. Depuis 7h30, Patrice Dison est sur le pont, "pour informer et rassurer les administrés. Le plus délicat dans ce genre de situation est de ne pas affoler la population pour rien." 

Mais le maire, par ailleurs président du syndicat de la Baïse, se veut rassurant : "Beaucoup de travaux ont été faits en amont et en aval, on enlève régulièrement des troncs d'arbres des cours d'eau pour éviter qu'ils n'obstruent les ponts."

Au pied des Pyrénées, on en veut au mauvais temps

L'Adour, l'Echez et le Lys débordent dans les Hautes-Pyrénées, indique La semaine des Pyrénées. France 3 Midi-Pyrénées a réalisé un portfolio des inondations et débordements.

Mais ce sont moins les crues que le mauvais temps qui inquiètent Pierre Trille, de l'Auberge du Bergons à Salles, près de Lourdes. Il constate une perte de clientèle par rapport à l'an dernier : "Il ne faudrait pas que cela continue. Depuis janvier, c'est atroce. Il n'y a que le dimanche de la fête des Mères où il a fait un peu beau et où les gens sont sortis." 

Dans les Pyrénées-Atlantiques, entre Tarbes et Lourdes, Cécile Lorillon surveille du coin de l'œil le ruisseau au fond de son jardin. L'eau s'est avancée à 5-6 mètres de la maison vendredi matin (voir photo).

Pas de quoi affoler Cécile. "A l'avenir, nous allons peut-être faire aménager le terrain en pente, mais sinon, nous ne sommes pas plus inquiets que cela." Seule gêne pour cette maman : les routes barrées pour déposer son fils à l'école.

Les cartes Vigiecrue et Cartorisque permettent de suivre en temps réel les risques d'inondations. Sud Ouest.fr dresse par ailleurs un bilan de la situation.

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