"Provocation", "vraie connerie" : l'ancienne majorité présidentielle divisée sur une possible nouvelle loi immigration

Moins d'un an après le texte de Gérald Darmanin, des propositions sur l'immigration seront présentées au Parlement en début d'année 2025 selon la porte-parole du gouvernement.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse aux journalistes alors qu’il visite un centre de rétention dmnistrative (CRA) au Mesnil-Amelot (Seine-et-marne), le 11 octobre 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Alors que Maud Brégeon, la porte-parole du gouvernement a annoncé dimanche 13 octobre qu'il faudrait une nouvelle loi consacrée à l'immigration en 2025, l'idée n'enchante pas l'ancienne majorité présidentielle. Même un ministre est dubitatif : "S'il suffisait d'avoir des lois pour régler les problèmes d'immigration, ça ferait longtemps que ce serait sous contrôle", souffle-t-il. Faire une nouvelle loi, "c'est une vraie connerie", lâche un député centriste.

Un de ses collègues parle de "provocation de la part de Bruno Retailleau". Lundi 14 octobre sur France Inter, Gabriel Attal ne dit pas non au ministre de l'intérieur mais semble sceptique. "Faire une loi pour une loi, ça ne semble pas totalement prioritaire", a-t-il dit. Réplique d'un conseiller de l'exécutif : "Interdire l'abaya à l'école, ça n'était pas prioritaire non plus à ce compte-là." Et d'ajouter "les Français, eux, considèrent qu'il y a urgence puisque 11 millions de Français votent RN, et si on ne fait rien ça va encore progresser aux prochaines élections".

Dans cette nouvelle loi, Bruno Retailleau souhaite tout d'abord allonger de 90 à 210 jours le placement en centre de rétention pour les étrangers clandestins jugés dangereux. Un délai de 210 jours est aujourd'hui possible uniquement pour les infractions terroristes. Outre cette mesure mise en avant par le gouvernement, Bruno Retailleau aimerait également remettre sur la table certaines dispositions de la loi Darmanin censurées par le Conseil constitutionnel comme le rétablissement du délit de séjour irrégulier, le durcissement des conditions du regroupement familial ou encore la transformation de l'aide médicale d'Etat (AME) en aide médicale d'urgence.

Un sujet sensible pour les macronistes

C'est aussi un sujet sensible pour les macronistes parce qu'à chaque loi immigration, les troupes du président se déchirent. Déjà pour la loi de Gérard Collomb en 2018, il y avait eu des frictions entre l'aile gauche et l'aile droite. Puis en décembre dernier, 27 députés de l'ex-majorité avaient voté contre la loi Darmanin, et 32 s'étaient abstenus.

Mais les contours de la majorité ont changé depuis les élections législatives anticipées de juillet dernier. Désormais il faut aussi compter avec les LR qui, eux, défendent davantage de fermeté en matière d'immigration. Le RN, lui, surveille le gouvernement de Michel Barnier et menace d'une motion de censure sur le budget, même si Jordan Bardella assure qu'il n'y a "aucun deal" immigration contre budget avec l'exécutif.

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