"On joue ensemble et ça fait du bien" : une association utilise le rugby contre l'exclusion des réfugiés et des demandeurs d'asile
Ovale Citoyen mêle des bénévoles, d'anciens joueurs professionnels mais aussi et surtout des réfugiés, des demandeurs d'asile et des personnes sans domicile. Un moyen de les accompagner dans leur intégration.
La pluie qui tombe drue sur Paris ne les a pas découragés. Ils sont une cinquantaine, des demandeurs d'asile, quelques familles de réfugiés, des mineurs isolés aussi, à courir partout ballon en mains, au pied de la Tour Eiffel, ce samedi 4 mai. La plupart d'entre eux n'avaient encore jamais joué au rugby.
Tous ont été réunis par l'association Ovale Citoyen, qui veut leur permettre, via le rugby, de faire leurs premiers pas vers l'intégration. "Je pensais que c'était de la bagarre, mais ce n'est pas ça. C'est un vrai sport comme le football, qu'on peut jouer avec ses potes" raconte enthousiaste, Issouf. "Ça me plaît beaucoup" nous dit Séphora avec le sourire jusqu'aux oreilles.
Donner une autre image à travers le rugby
Sourire que l'on retrouve d'ailleurs sur tous les visages au fil de l'entraînement. Le rugby devient une bouffée d'oxygène, un vecteur d'intégration aussi. C'est tout le projet porté par Jean-François Puech, le co-président de l'association Ovale Citoyen, "C'est d'abord fixer des jeunes autour d'un terrain de rugby et autour des valeurs du rugby. On est sur un sport où tous les physiques sont représentés. Il y a 20 ans, dans une équipe, vous aviez un cantonnier, un avocat, et même 'l'idiot du village'. C'est cet esprit là que l'on veut retrouver."
En région parisienne, l'association est parrainée par les clubs professionnels du Racing 92 et du Stade Français. "Avec leur appui, on donne une autre image. Les entreprises avec qui nous sommes en lien, du fait que l'on vienne au travers du rugby, nous regardent différemment."
Sortir de la précarité au détour du terrain
Jean-François Puech raconte, ému, l'histoire d'Abdel, 20 ans, tombé tout jeune dans la délinquance mais qui a réussi à se relever grâce au rugby. Il a même trouvé un emploi dans le bâtiment au détour d'un match. Aujourd'hui, c'est lui qui vient en aide aux autres. "Le rugby, ça apporte des choses, dit Abdel. J'ai plus d'estime pour la société. De voir qu'il y a des gens qui sont là pour nous aider, ça m'apporte du bonheur, de voir que toutes ces nationalités jouent ensemble, c'est magique."
Entraînement rugby au stade Emile Anthoine avec Ovale Citoyen. La devise de l’association : un raffût contre l’exclusion. #intégration pic.twitter.com/u79ef6uPMi
— Fanny Lechevestrier (@fannylechevestr) 5 mai 2019
Tous ensemble, ils sont encadrés par des bénévoles et d'anciens joueurs professionnels. Attentif, Yacouba,17 ans, ne manque rien de l'explication des règles du jeu. Originaire du Burkina Faso, il est arrivé il y a huit mois à Paris et il vit dans la rue. Cet entraînement représente bien plus que du sport. C'est une lueur d'espoir pour lui. "J'aime bien, car c'est le seul endroit où on ne se sent pas différent des autres. On joue ensemble et ça fait du bien."
À ses côtés, Issouf, qui ne connaissait pas le rugby une heure avant, se rêve déjà en grand joueur.
Je ne connais pas les noms des joueurs de rugby, mais peut-être que j'ai ma chance ? Si j'ai l'opportunité, je peux devenir le Mbappé du rugby !
Issoufà franceinfo
Cela fait sourire mais le premier match est gagné : Issouf et les autres repartent tous du stade avec un peu plus de confiance en eux et en l'avenir. Ils n'ont qu'une idée : revenir chaque semaine aux entraînements, tous les mercredis à Paris et vendredis à Colombes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.