Immigration : la maire de Paris Anne Hidalgo veut "mener une bataille culturelle" contre le texte voté au Parlement

La maire socialiste de Paris s'est refusée vendredi à "faire le tri" entre familles et enfants accueillis dans les lieux d'hébergement d'urgence, comme l'y obligerait selon elle la nouvelle loi sur l'immigration, et a annoncé saisir le Conseil constitutionnel avec d'autres collectivités.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
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La maire de Paris Anne Hidalgo en déplacement dans un lieu d'hébergement d'urgence dans le 18e arrondissement, le 22 décembre 2023. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / VIA AFP)

La maire socialiste de Paris s'est rendue, dans la matinée du vendredi 22 décembre, avec toute sa majorité dans un lycée parisien du 18e arrondissement transformé en centre d'hébergement d'urgence, pour dénoncer le contenu du projet de loi immigration du gouvernement voté mardi par la majorité avec les voix de la droite et de l'extrême droite. Un texte qu'elle n'appliquera pas à Paris.

À côté d'un grand sapin coloré, Anne Hidalgo s'approche d'un petit garçon qui vient d'arriver dans ce centre avec sa mère. Il va pouvoir dormir dans l'un des 56 lits répartis dans d'anciennes classes, peu importe ses origines ou son statut. Un accueil inconditionnel qui est aujourd'hui menacé par la loi immigration, d'après la maire de Paris : "Je vous parle avec un peu d'émotion parce que c'est aussi mon histoire. J'ai pu devenir Française et je n'ai pas envie de dire à ces enfants comme ce petit garçon, qu'ici on ferme les yeux, on ferme son cœur, on ferme ses bras. C'est une bataille culturelle et nous avons décidé de la livrer."

"Cette bataille va se situer sur le chemin du droit, avec d'autres collectivités, nous allons saisir le conseil constitutionnel pour faire invalider les dispositions qui sont contraires à la Constitution."

Anne Hidalgo, maire de Paris

à franceinfo

La ville de Paris, qui est également un département, s'est associée mercredi à la fronde de 32 départements dirigés par la gauche qui refusent d'appliquer une disposition du texte, relevant, selon eux, de la "préférence nationale" pour verser l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Avec la nouvelle loi, l'APA doit être conditionnée à cinq ans de présence sur le territoire français, ou deux années et demie de cotisation, pour les étrangers. "Par exemple à Paris, cela représente 2 000 personnes que nous devrions sortir de nos dispositifs d'Allocations personnalisées à l'autonomie", explique Anne Hidalgo.

Anne Hidalgo refuse de "faire le tri"

La maire de Paris indique qu'il n'est pas non plus question "de faire le tri" à l'entrée des centres. Pourtant le texte précise que les étrangers qui doivent quitter le territoire pourront continuer d'y être logé "le temps de leur éloignement" Mais il y a un loup d'après son adjointe à l'hébergement d'urgence Léa Filoche : "Si demain l'Etat décide que des personnes ne rentrent pas dans les bons critères qu'il aura peut-être déterminés dans un décret à venir. Il pourrait éventuellement venir dire à l'opérateur : "Celui-ci, il est sans-papiers ou sous OQTF ou il a été débouté, et donc, je ne prends plus le coût induit de l'hébergement d'urgence de cette personne'."

La droite parisienne n'a pas tardé à réagir aux propos de la maire. "Qui peut, avant même la lecture et l'examen de cette loi par le Conseil constitutionnel, la juger anticonstitutionnelle et refuser de l'appliquer ?", s'est étonnée Agnès Evren, la présidente de la Fédération LR de la capitale. Dans un communiqué, elle a jugé "irresponsable" le principe d'"accueil inconditionnel" défendu par Anne Hidalgo, "alors que nos capacités d'accueil sont saturées et nos marges de manœuvre inexistantes du fait de la dette abyssale de la Ville".

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