Ils connaissent leur violeur et en témoignent sur un blog
"Ils étaient nos amis, nos partenaires, des membres de notre famille ou de notre entourage. Nous connaissons des violeurs : laissez-nous vous les présenter. " Lancé le samedi 30 août, le Tumblr "Je connais un violeur" précise, dès sa page d'accueil, son propos.
Créé le samedi 30 août, il a recueilli plus de 400 témoignages. 300 sont déjà publiés, les autres le seront au fur et à mesure. Et plus de 1200 personnes se sont abonnées au Tumblr.
A l'origine de ce micro-blog, Pauline, militante de l'association Osez le féminisme. Déjà blogueuse sur Fleur furieuse, elle voulait créer un espace pour laisser la parole aux victimes de viol.
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"J'ai remarqué qu'autour de moi des personnes avaient été victimes de viols et qu'elles n'avaient pas été crues ou prises au sérieux parce que les violeurs faisaient partie de leur entourage" , explique la jeune jeune femme de 27 ans. Cette incrédulité, selon Pauline, "tient aux images d'Epinal véhiculées autour des violeurs"* :
"Dans la majorité des cas, ce ne sont pas des fous marginaux, mais des gens que l'on connait très bien."
A la lecture des témoignages recueillis sur le Tumblr, on apprend que les violeurs ce sont des amis, des pères, des grands-pères, des oncles ou des cousins. Et des familles ou des proches complices qui refusent de voir, d'admettre, de croire.
"Je l'ai dit à mon ami (...) et à d'autres, tous m'ont dit que j'aurais du me débattre, en gros confronter mes 45 kilos à ses 80, me prendre des coups dans la bouche, être couverte de bleus, que c'était de ma faute, que je m'étais laissée faire..."
Les témoignages sont anonymes et tous relus par Pauline. La jeune femme n'a aucun moyen de savoir s'ils sont tous vrais, mais les noms complets des violeurs ne sont jamais mentionnés.**
"Au début, j'étais seule à m'occuper du Tumblr. Aujourd'hui, nous sommes cinq. C'est un boulot à plein temps" , explique la blogueuse qui avoue être étonnée par le nombre de personnes qui souhaitent "présenter" un violeur. "Il y a autre chose qui m'attriste, c'est que pour beaucoup de personnes, c'est la première fois qu'elles en parlent" , confie la jeune femme.
La plupart des victimes culpabilisent, poursuit Pauline. "C'est quelque chose qui est très répandu que de dire que c'est de la faute de la victime si elle a été violée" . En cause, une forme de banalisation du viol, comme ces conseils de séduction dispensés sur un site de coaching et révélés par le blog Rue 69: "Ne lui demandez pas si vous pouvez la pénétrer comme un animal sauvage, faites-le" .
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Il y a quelques mois, c'est l'écrivain et pédiatre Aldo Naouri qui suscitait la polémique en conseillant à un mari qui se plaignait de ne plus avoir de relations sexuelles avec sa femme: "Mais violez-la, monsieur".
Plus récemment, un internaute auteur de vidéos humoristiques qui avait posté sur Youtube un sketch intitulée "Le viol c'est lol" a provoqué la colère de nombreux internautes. Il a depuis retiré la vidéo en expliquant vouloir "réfléchir et comprendre ce qui ne passait pas". C'est aussi cette banalisation ou cette érotisation du viol que Pauline entend dénoncer.
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