Haute couture : 172 pièces vintage aux enchères chez Sotheby's
Il n’y avait que lui pour oublier des robes Dior, Chanel, Yamamoto, Balenciaga ou John Galliano dans le fond d’une remise. Lui, c’est Didier Ludot, le célèbre collectionneur de haute couture. Depuis 20 ans, "l’antiquaire" repère, et achète ces pièces de collection qu’il revend dans son "dépôt vente de luxe", à deux pas du jardin du Palais Royal, à Paris. Sotheby’s met aux enchères ce mercredi près de 200 de créations. "J’avais une réserve que je voulais abandonner derrière la Madeleine, il y avait des cartons, il y avait des portants, des choses que j’avais complètement oubliées, c’était là depuis au moins une vingtaine d’années. Donc c’est un très grand plaisir de retrouver une robe Schiaparelli qu’on avait oubliée ou un tailleur de Balenciaga ."
L'esprit de partage
Didier Ludot a vécu ces (re)trouvailles comme une prise de conscience : "Là je me suis quand même dit il faut que je transmette les choses, donc j’ai dit, allez, faut partager avec les autres. Parce que toutes ces robes je les ai eues, je les aurai toujours. " L’émotion transparait lorsqu’il évoque ses pièces : "ces robes vont partir mais les gens qui achètent des pièces de haute couture vintage, les femmes, les hommes collectionneurs, car il y a des hommes qui collectionnent, Jean-Paul Gauthier collectionne les robes par exemple, c’est des gens qui vont tomber amoureux d’un vêtement comme d’une œuvre d’art alors ce n’est pas gênant ."
La haute couture comme oeuvre d'art
La haute couture comme œuvre d’art, c’est le message de cette vente aux enchères. Même objectif que les plus grandes peintures : émouvoir et faire rêver. "Tout est éblouissant de beauté" confie une visiteuse. Le public a pu découvrir la collection avant le début des mises à prix. "Ces ouvertures hublot, les boutons transparents, la matière… on a l’impression que cette cape Cardin vient d’être créée ! J’ai beaucoup d’émotion, c’est exceptionnel ", décrit-elle, avant de confier espérer acquérir une pièce. Les premières enchères commencent à 400 euros.
"Il y a de la création, ce sont des artistes", affirme un touriste pour qui ces robes des années 50 et 60 témoignent d’un âge d’or de la haute couture. Le principal intéressé confirme : parmi les pièces, "il y a par exemple cette sublime robe de Pierre Balmain, entièrement brodée par Lesage et c’est entièrement une broderie de paille. C’est un travail extraordinaire ". 6 à 8.000 euros, c'est ce qu'il faudra débourser au minimum pour la pièce phare de la vente : une robe Balenciaga en plumes roses de 1965 portée par Francine Weisweiller, amie de Cocteau.
"Une vente bien plus importante que son chiffre d’affaires "
Robes, capes, tailleurs… il y en a pour toutes les occasions, toutes les saisons. Et certaines créations ont été portées par les plus grandes stars : "Il y a deux pièces qui sont intéressantes, un manteau ivoire et une robe corail portée par Catherine Deneuve dans le rôle Manon 70. Elle avait le premier rôle avec Sami Frey ", détaille Didier Ludot.
Cette vente aux enchères est une grande première pour Sotheby’s. Mais Guillaume Cerruti, le PDG France du groupe tient à préciser : "C’est un évènement modeste au regard de notre chiffre d’affaires annuel : nous bouclons notre premier semestre avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 117 millions d’euros et cette vente est estimée à quelques centaines milliers d’euros. Donc ce n’est pas la même dimension. Mais en termes d’image, en termes de réputation, en termes d’aura, c’est une vente bien plus importante que son chiffre d’affaires ." Son objectif ? Que l’évènement soir "inoubliable" . "Nous avons invité les grandes maisons de couture, qui sont souvent intéressées de retrouver la trace de leur patrimoine" , explique t-il.
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