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Violences sexuelles : un rapport ministériel dénonce le "sentiment d'impunité" dans les instituts d'études politiques

Le rapport avait été commandé par la ministre de l'Enseignement supérieur après la vague de témoignages de violences sexuelles au sein des Instituts d'études politiques (IEP) en février sur les réseaux sociaux avec le hashtag #SciencesPorcs.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le logo de Sciences Po au-dessus de la porte d'entrée du bâtiment principal, le 18 avril 2018 à Paris. Photo d'illustration. (BERTRAND GUAY / AFP)

Un rapport de l'inspection générale de l'Éducation nationale pointe des failles dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les Instituts d'études politiques (IEP). Remis à la ministre de l'Enseignement supérieur, mercredi 21 juillet, cet état des lieux avait été commandé après la vague de témoignages sur les réseaux sociaux. En février 2021, des étudiants et d'anciens étudiants ont dénoncé des violences survenus pendant leurs études autour du hashtag #SciencesPorcs.

De nombreuses violences signalées

Six inspecteurs ont auditionné 600 personnes, ils ont visité les dix IEP de France. Le constat est assez sévère. Le rapport évoque des mentalités, des rituels, pendant lesquels des stéréotypes sexistes et homophobes sont trop souvent véhiculés, notamment pendant les week-ends d'intégration ou les rencontres sportives inter-IEP.
Exemple : le défi d'avoir des relations sexuelles avec une étudiante de chaque institut, ou des épreuves qui cachent en réalité des attouchements non consentis : on est très proche du bizutage, pourtant interdit. Les inspecteurs regrettent que la définition même des violences sexistes et sexuelles, tout comme la notion de consentement soient trop floues, dans l'esprit des jeunes comme des directions.

De nombreuses violences ont d'ailleurs été signalées aux inspecteurs :
89 faits de janvier 2019 à juin 2021. C'est à la fois beaucoup et, en fait, assez peu comparé aux très nombreux témoignages sur les réseaux sociaux. Un décalage qui s'explique notamment par un manque de confiance des victimes en leur direction et la peur aussi d'être entraîné dans des procédures judiciaires. Pourtant, selon les inspecteurs, les faits remontés sont graves. Plus de 83% sont des viols ou des agressions sexuelles, dont seulement 16% ont donné lieu à des poursuites disciplinaires.

Omerta, entre-soi et tabou

Selon ce rapport, l’omerta et l’entre-soi perdurent au sein des communautés des IEP. Des établissements qui ont des spécificités comme toutes les grandes écoles : un très fort sentiment d'appartenance, une vie associative dense avec des moments de sociabilité particuliers et un "élitisme qui favorise l'inaction". Ajoutons à cela le silence, parfois, des directions pour préserver la réputation de leur institut ou la carrière des mis en cause. On peut aussi parler de tabou au sein des étudiants, qui n'osent pas toujours dénoncer un ami ou une figure populaire de leur groupe. Résultat, il y a un certain "sentiment d'impunité", pointé par les auteurs.

Face à cet état des lieux, le rapport propose plusieurs préconisations comme améliorer la prise en charge de ces situations de violences, avec un dispositif d'écoute plus professionnel, une plus grande rigueur dans les procédures disciplinaires et pénales. II y a évidemment des actions concrètes pour éviter ces agressions.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, promet un plan national pour la rentrée avec un volet important pour la formation des étudiants et des personnels, un dispositif pour aider les victimes à se confier dans chaque IEP et une campagne sur le consentement. Pas question en revanche d'interdire les week-ends d'intégration et critériums inter-IEP.

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