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Violences sexuelles : comment le hashtag #SciencesPorcs a émergé sur les réseaux sociaux

De nombreux témoignages sont apparus sur les réseaux sociaux, notamment après une plainte pour viol d'une étudiante de l'Institut d'études politiques de Toulouse.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un détail de la façade de Sciences Po Paris, dans le 6e arrondissement de la capitale. (DANIEL THIERRY / PHOTONONSTOP / AFP)

Les Instituts d'études politiques (IEP) sont appelés à agir. Le hashtag #sciencesporcs a émergé sur les réseaux sociaux depuis le week-end du samedi 6 au dimanche 7 février. Il rassemble des témoignages qui reprochent aux directions de ces établissements leur silence et l'impunité dont bénéficieraient les auteurs de violences sexistes et sexuelles, étudiants ou professeurs.

Le mouvement a pris de l'ampleur, entre autres, après la plainte pour viol d'une étudiante de l'Institut d'études politiques (IEP) de Toulouse. Le procureur Dominique Alzeari a indiqué, mardi 9 février, que "la victime des agissements diffusés sur les réseaux sociaux (...) a formalisé une plainte reçue au commissariat de Toulouse à la date du 6 février 2021". Il a précisé avoir "immédiatement fait diligenter une enquête préliminaire, confiée à la brigade de la famille et des mineurs" de Toulouse pour des faits qui remonteraient à 2018.

Plusieurs enquêtes préliminaires ouvertes

Outre cette enquête préliminaire à Toulouse, deux autres pour agressions sexuelles ont été ouvertes à Grenoble et un signalement à la justice a été fait à Strasbourg.

La mobilisation avait commencé depuis la fin du mois de janvier, du côté de Sciences Po Bordeaux. Une page Facebook d'étudiants a rassemblé "près de 150 témoignages dénonçant des violences sexistes et sexuelles, y compris des viols, conduisant la direction de l'école à annoncer la mise en place d'un groupe de travail pour mieux les prévenir". "Il m'a balancée sur le sol et m'a attaché les poignets. J'ai réussi à me libérer pendant qu'il se déshabillait. Il m'a rattaché les poignets, plus fort. Et il m'a violée", a notamment raconté Claire*, l'un des étudiantes de ce campus, à France 3 Nouvelle Aquitaine.

Libération (article abonnés) raconte que la vague a pris une ampleur plus importante après le témoignage de Juliette, étudiante en deuxième année à l'IEP de Toulouse. "Tu m'as violée. Je dormais et t'as continué", a notamment écrit Juliette, vendredi 5 février, en s'adressant à son violeur. Elle a ensuite accepté qu'Anna Toumazoff, activiste féministe elle aussi passée par Sciences Po Toulouse, partage sa lettre sur Instagram et Twitter.

Depuis, les témoignages se multiplient sur Twitter et Instagram. Anna Toumazoff en a partagé plusieurs.

Soutien du gouvernement et réunion avec des ministres

Des responsables politiques, dont la ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, ont apporté mardi leur soutien à la vague de dénonciations. "Plein soutien aux étudiantes victimes de viols qui dénoncent les faits courageusement via #SciencesPorcs", a écrit Marlène Schiappa, en invitant les victimes à "signaler ces crimes" sur la plateforme du gouvernement contre les violences sexistes et sexuelles (arretonslesviolences.gouv.fr).

"A la suite des courageux témoignages (...)  nous échangerons demain avec les directrices et les directeurs des IEP", a écrit, mardi, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal.

"Nous devons toujours nous réjouir quand la parole se libère. J'apporte tout mon soutien aux victimes", a écrit Elisabeth Moreno, la ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, qui va également participer à cette réunion avec Frédérique Vidal.

Encouragements de politiques

"Nous vous croyons. Vous n'y êtes pour rien. Vous êtes courageuses et courageux. Nous sommes à vos côtés", a réagi de son côté la militante Caroline De Haas, cofondatrice du collectif féministe #noustoutes.

"Courage à vous. On vous croit. On vous respecte. Et nous sommes là pour accompagner aussi si besoin", a tweeté Sandrine Rousseau, vice-présidente de l'université de Lille, et candidate écologiste déclarée à la présidentielle de 2022. "A toutes les victimes. On vous lit. On vous écoute. On vous croit. Force et honneur à vous", a réagi Danièle Obono, députée La France insoumise de Paris.

"Nous ne nions pas ces agissements"

Les directions des IEP, pointées du doigt, nient toute complaisance. "Nous ne nions pas ces agissements, mais bien souvent nous ne les connaissons pas", a déclaré Jean-Philippe Heurtin, directeur de l'IEP de Strasbourg. Depuis la rentrée, deux cas ont été portés à sa connaissance. Dans le premier, après enquête interne, "il s'est avéré qu'il n'y avait pas matière à une qualification de violences sexistes ou sexuelles. Le deuxième cas a occasionné un signalement au procureur pour des faits qui pourraient s'apparenter à un crime", a-t-il ajouté.

De son côté, la direction de l'IEP de Bordeaux a "salué le courage" de celles et ceux qui ont témoigné, relevant qu'une "cellule de veille et d'écoute" mise en place courant 2018 avait reçu sur cette période 20 signalements de tous ordres dont quatre pour violences sexistes et sexuelles. Sur ces quatre cas, un seul a eu lieu dans le cadre même de Sciences Po : un cas de harcèlement par sexto. L'auteur, qui ne faisait pas partie du personnel permanent de l'IEP, a été licencié par son employeur.

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