Patrick Pelloux accusé de harcèlement sexuel et moral : le syndicat des internes des hôpitaux de Paris lance un appel à témoignages

Cet appel s'adresse aux internes qui ont travaillé avec l'urgentiste dans les SAMU/SMUR de l'hôpital Saint-Antoine et de l'hôpital Necker.
Article rédigé par franceinfo
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Le président de l'Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, le 7 juin 2022. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Le syndicat des internes des hôpitaux de Paris lance un appel à témoignages après les révélations de Paris Match sur les accusations de harcèlement sexuel et moral qui pèsent sur Patrick Pelloux, médecin urgentiste et président de l'Association des médecins urgentistes de France, a appris franceinfo, vendredi 12 avril, auprès du syndicat. Cet appel à témoignages concerne les internes qui sont passés par les urgences et dans les SAMU/SMUR de l'hôpital Saint-Antoine et de l'hôpital Necker, où a travaillé l'urgentiste.

Dans l'article publié mercredi par Paris Match, la Pr Karine Lacombe qualifie Patrick Pelloux de "prédateur sexuel" au "comportement empreint de domination sexuelle". "J'ai fréquemment observé et subi des actes qui seraient aujourd’hui qualifiés d’agressions sexuelles : une main entre les cuisses, un effleurage de seins, des allusions grivoises", se souvient Karine Lacombe. L'infectiologue affirme que "les ingrédients du harcèlement sexuel et moral se trouvaient réunis ici". Au-delà du cas de Patrick Pelloux, elle explique avoir voulu montrer, dans son livre Les Femmes sauveront l'hôpital (éd. Stock) publié en octobre 2023, "le système dans lequel se déroulaient les études de médecine, très viril, très sexué et l’universalité de la question".

En 2021, 15% des internes déclaraient avoir subi une agression sexuelle

Pour Kahina Sadat, vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), en charge de la qualité de vie des étudiants, interrogée par franceinfo, "il n'y a rien de surprenant" dans l'enquête de Paris Match. "Ce sont des choses qui sont connues par les équipes soignantes, par le milieu médical, depuis des années et des années, n'importe qui du milieu soignant n'est pas choqué de ces révélations", poursuit-elle.

La vice-présidente de l'ANEMF affirme que son association reçoit "régulièrement" des témoignages de victimes présumées, mais que cela s'est accéléré "avec la vague actuelle". En mars 2021, l'ANEMF a mené une enquête sur les violences sexuelles et sexistes auprès des étudiants en médecine. L'étude révèle que 15% des étudiants déclarent avoir subi une agression sexuelle. Seule une victime présumée sur dix l'a signalée. "C'est énorme, c'est beaucoup d'étudiants", affirme Kahina Sadat.

Des étudiants en santé, imprégnés de cette culture du viol"

La présidente de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des Internes de médecine générale (ISNAR IMG), Florie Sullerot, invitée de franceinfo vendredi, salue que la "parole se libère", mais rappelle que ce n'est pas sans conséquence.

"Quand on nous parle de carrières brisées, c'est ce qui se passe réellement, un peu comme dans le cinéma. Parler a un prix, même quand il y a de grosses vagues de solidarité."

Florie Sullerot, présidente de l'ISNAR IMG

à franceinfo

L'urgentiste Patrick Pelloux s'est défendu dans Paris Match en expliquant que les faits remontent à une époque où "on n'avait pas le même rapport au sexe, c'était pour rigoler". Florie Sullerot réfute ces propos et dénonce "la culture carabine" et "l'ensemble des coutumes et de l'humour qui existent en fait pour créer une cohésion dans le groupe des étudiants en santé, imprégnés de cette culture du viol", explique-t-elle. Selon elle, "cette culture carabine va rendre plus acceptable finalement et moins visible tout ce qui est actes et violences discriminatoires".

Deux anciennes ministres de la Santé, Roselyne Bachelot et Agnès Buzyn, ont confirmé à Paris Match qu'elles avaient été mises au courant du comportement du médecin. Patrick Pelloux a été écarté de l'hôpital Saint-Antoine à Paris. "On sait que les agresseurs sont souvent des récidivistes. Il faut leur proposer des formations pour agresseurs, les sensibiliser et surtout protéger au mieux les potentielles victimes futures. Le déplacement ne paraît pas suffisant du tout", assure Florie Sullerot.

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