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Paris : la préfecture condamne l'insulte misogyne qu'un policier a proférée contre une femme qui venait de déposer plainte pour agression sexuelle

Le fonctionnaire a laissé par mégarde un message insultant sur le répondeur d'une femme de 34 ans qui venait de porter plainte au commissariat des 5e et 6e arrondissements.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un véhicule de police à Brest (Finistère), le 1er février 2022. (MAXPPP)

La préfecture de police de Paris annonce, mardi 15 février, dans un communiqué, avoir saisi l'IGPN, la police des polices, après des "propos inadmissibles tenus par un fonctionnaire de police à l'égard d'une victime d'agression sexuelle". Dans un enregistrement révélé par Mediapart, un policier insulte à plusieurs reprises une femme, la qualifiant de "pute", alors qu'elle venait de porter plainte pour agression sexuelle dans le commissariat des 5e et 6e arrondissements.

Dans son procès-verbal consulté par Mediapart, Elodie* raconte sa soirée dans le Quartier latin dans la nuit du 4 au 5 février. Elle raconte avoir croisé un groupe dans la rue et avoir "senti des doigts caresser [sa vulve] d'avant en arrière", et après hésitation, avoir alerté les forces de l'ordre. L'agresseur désigné est interpellé et une enquête de flagrance est ouverte. Elodie dit avoir été écoutée lors de son audition au commissariat, même si une question d'un policier sur sa tenue vestimentaire l'a interpellée.

Un message sur son répondeur

De retour chez elle, elle reçoit un appel du commissariat de la part d'un policier qui n'est pas celui qui a recueilli sa plainte. On entend : "Oui, bonjour, commissariat de police de Paris des 5e et 6e arrondissements. Je vous rappelle par rapport à ce qui s'est passé hier. Écoutez, merci de me rappeler au plus vite. J'aurais besoin de vous réentendre sur les faits."

Le policier croit ensuite terminer son appel, mais le combiné est mal raccroché. On l'entend ensuite plaisanter avec l'une de ses collègues. "Je la rappellerai de toute façon parce que là, elle doit être en train de cuver !"

"Ah évidemment elle refuse la confrontation. C’est vraiment une pute. Comme par hasard."

Un policier

dans un enregistrement consulté par Mediapart

Une nouvelle fois, le policier, ne se sachant pas en ligne, poursuit : "Putain, elle refuse la confront' en plus la pute. En fait c'était juste pour lui [l'agresseur désigné] casser les couilles, je suis sûr (...). Déjà elle fout une mandale au mec, et après elle va vouloir une confrontation histoire de lui péter la gueule encore plus sur l’audition… Putain, grosse pute." Après quelques secondes de silence, le téléphone est finalement raccroché.

Après avoir entendu ce message insultant et misogyne, Elodie retourne au commissariat. Une policière promet de "faire remonter [les faits] à sa hiérarchie". Elodie fait un signalement sur le site de l'IGPN et porte plainte pour injure. A ce jour, la préfecture de police a demandé la suspension à titre conservatoire du fonctionnaire. Le parquet de Paris devra ensuite qualifier les faits et décider si une réponse pénale doit être donnée.  

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