L'application Uber admet 6 000 agressions sexuelles dans ses véhicules en deux ans aux Etats-Unis
"Cette année, il y a eu chaque jour près de 4 millions de trajets sur Uber aux Etats-Unis, remarque le directeur juridique du groupe. La plateforme reflète le monde dans lequel nous opérons, avec ses bons et ses mauvais aspects."
Opération transparence. Après des années à refuser de chiffrer le problème, Uber a révélé avoir enregistré près de 6 000 agressions sexuelles aux Etats-Unis en deux ans. L'application, qui propose un service de réservation de voitures avec chauffeur, est largement accusée d'inefficacité et de mauvaise volonté dans ce domaine.
Le géant du secteur a publié, jeudi 5 décembre, un rapport détaillé sur la sécurité, qui révèle que 5 981 agressions sexuelles ont été rapportées par des utilisateurs ou des conducteurs de son service, ainsi que des tiers, sur le territoire américain en 2017 et 2018. Ce chiffre comprend des attouchements, des tentatives d'agression et des viols. Le même rapport dénombre 19 homicides sur la même période.
"Des incidents rares"
"Ces incidents ont été signalés sur 0,00002% des courses. Bien que rares, ces signalements représentent tous un individu qui a partagé une expérience très douloureuse. Même un seul signalement serait un signalement de trop", déplore Uber. "Cette année, il y a eu chaque jour près de 4 millions de trajets sur Uber aux Etats-Unis", remarque le directeur juridique du groupe. "La plateforme reflète le monde dans lequel nous opérons, avec ses bons et ses mauvais aspects."
Ce rapport, le premier du genre, s'attache à mettre en perspective les incidents - en mentionnant l'importance des risques de violences sexuelles - et insiste sur les efforts entrepris pour lutter contre ces menaces. Pas sûr que cela suffise à rassurer les utilisateurs, qui appellent souvent une voiture justement pour se déplacer en sécurité. En France, les témoignages de femmes agressées lors de trajets en VTC se multiplient depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, sous la bannière "#UberCestOver" (Uber c'est fini).
Depuis 2017, je ne prends plus de UBER seule « grâce » à plusieurs chauffeurs qui m’ont fait tellement peur et plus particulièrement un... #ubercestover ⬇️
— Éline (@elinedany) November 28, 2019
Un bouton pour signaler un problème pendant le trajet
Depuis cette année noire, et après plusieurs cas rapportés de violences sexuelles, Uber a rompu avec la stratégie d'étouffement des affaires. En mai 2018, la société a cessé d'obliger ses clients, employés ou chauffeurs victimes de harcèlement ou d'agression sexuelle à passer par une procédure de médiation, beaucoup plus discrète qu'une procédure judiciaire.
Côté sécurité, Uber, comme son concurrent Lyft, a rendu plus difficile l'usurpation d'identité par des conducteurs. Uber a également renforcé les contrôles pour détecter des criminels déjà condamnés et ajouté dans leurs applications un bouton permettant de signaler un problème pendant le trajet. Mais les avocats des victimes d'agressions jugent ces mesures inefficaces.
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