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#Metooinceste : "Brisez ce tabou et cette omerta, c'est le seul moyen de vous sauver !", lance Chloé aux autres victimes d'inceste

"J'ai grandi dans le silence et même après l'avoir brisé, l'inceste reste toujours tabou", témoigne cette jeune femme de 28 ans qui a été victime de son grand-père. Il y a eu un procès, mais le sentiment de culpabilité reste.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des enfances violées, des vies étouffées par le silence. (photo d'illustration). (MAXPPP)

"Plus tôt vous parlerez, plus tôt vous vous sauverez", a lancé Chloé, elle-même victime d’inceste, aux autres victimes, lundi 18 janvier sur franceinfo. Les témoignages comme le sien se multiplient sur Twitter avec le hashtag #MeTooInceste depuis la publication le 5 janvier 2021 de La Familia grande, un livre de Camille Kouchner qui dénonce les agissements supposés de son beau-père Olivier Duhamel. Chloé a 28 ans. De six ans à huit ans, elle a subi des abus de la part de son grand-père. Une honte et une culpabilité qu'elle combat encore aujourd'hui malgré le procès qui l'a reconnue en tant que victime.

franceinfo : Est- ce que vous avez hésité avant de publier votre témoignage ?

Chloé : Oui, j'ai beaucoup hésité à envoyer ce message parce que parce que j'ai grandi dans le silence et même après l'avoir brisé, l'inceste reste toujours tabou. Il provoque la gêne, le malaise, la honte partout où il passe. Des années après, on a encore honte ou encore peur. On est regardés comme des êtres à part. On ne veut pas exposer toute une famille.

Honte de quoi ?

On se sent coupable. Même après, quand on est reconnu victime par la justice, c'est très compliqué de se défaire de cette culpabilité. Quand on est enfant, on ne se rend pas compte, on ne sait pas forcément dire non. Et pourtant, on aimerait le faire plus tard, quand on y repense. On se dit : j'aurais dû dire non. J'aurais dû agir comme ci, j'aurais pu agir comme ça. Mais on n'y arrive pas, en fait. Quand on est enfant, on ne sait pas ce que c'est, on ne comprend pas. Je prenais ça à l'époque pour des moments de tendresse. Et puis, j'ai compris qu'il y avait quelque chose d'anormal.

"Mais c'était mon grand-père et je l'aimais, quoi !"

Chloé, victime d'inceste

à franceinfo

C'était le plus difficile : je comprenais qu'il était en train de me faire du mal, mais en même temps, il était censé m'aimer. Donc, voilà comment j'ai grandi, comment je me suis construite.

Qu’est-ce que vous dites à celles et à ceux qui hésitent encore à faire ce que vous avez fait, témoigner en tant que victime d’inceste ?

Il y en a encore beaucoup, des victimes anonymes, invisibles et silencieuses. Allez-y, parlez ! Parlez-en autour de vous. Dites que ce qui vous est arrivé et dénoncez les faits. Brisez ce tabou et cette omerta, c'est le seul moyen de vous sauver. C'est le seul que j'ai trouvé. Plus tôt vous parlerez, plus tôt vous vous sauverez.


119, allô enfance en danger. (ALLO119.GOUV.FR)

Les enfants confrontés à une situation de risque et de danger, pour eux-mêmes ou pour un autre enfant qu'ils connaissent, peuvent appeler le 119 ou se connecter au site allo110.gouv.fr. Le numéro est accessible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, il est gratuit. Les adultes confrontés ou préoccupés par une situation d’enfant en danger ou en risque de l’être peuvent également appeler. 
En cas de danger grave et immédiat, contactez les services de première urgence : les services de police ou de gendarmerie (17 ou 112), les pompiers (18 ou 112) ou le Samu (15).

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