Chirurgien accusé de viols : "On n’a pas su protéger la société en lui interdisant d’entrer en contact avec des enfants mineurs"
Francesca Satta, l'avocate d'une des victimes, estime que "l’ampleur du problème" concernant le chirurgien, accusé de viols et d'agressions sexuelles sur des mineurs, "n’a pas été mesurée".
"On peut toujours s’interroger sur le manque de suivi. On n’a pas su mieux protéger la société, en lui interdisant d’entrer en contact avec des enfants mineurs", a estimé jeudi 22 août sur franceinfo Me Francesca Satta, avocate d'une des victimes du chirurgien de Jonzac soupçonné d'agressions sexuelles et de viols sur des mineurs. Placé en détention provisoire depuis deux ans, ce chirurgien en retraite, âgé de 68 ans, avait déjà été condamné pour détention d'images pornographiques en 2005.
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franceinfo : Depuis la révélation de ses carnets, avec à l’intérieur 200 prénoms et noms, de potentielles victimes sont-elles venues jusqu’à vous ?
Francesca Satta : De nouveaux témoignages sont arrivés, visiblement des dépôts de plainte sont arrivés très récemment, datant du mois de juin 2019. L’enquête est en cours, elle avance. D’autres victimes sont concernées et elles étaient consignées dans ce carnet. Entendre aujourd’hui que tout démarre d’une petite fillette de 6 ans qui a le courage extrême de déclarer l’horreur qu’elle a vécue par son voisin direct, ça a un impact.
On est confronté à des personnes qui expriment une certaine culpabilité, se disant "j’aurais dû avoir le courage de cette petite". D'un autre côté, on peut comprendre : ces victimes étaient jeunes aussi au moment des faits les concernant et c’est toujours très compliqué de se dire "est-ce que la justice va m’entendre face à un notable comme celui-ci", "est-ce que ma parole va être entendue et crue, pour que je puisse guérir d’une blessure excessivement profonde" ?
Qu’attendez-vous du procès qui devrait avoir lieu en fin d'année ou début d’année prochaine ?
Ce que j’attends, c’est surtout ce qu’attend la famille que je défends, c’est de pouvoir regarder ce chirurgien dans les yeux, de pouvoir lui exprimer à quel point la douleur qu’ils traversent est énorme, à quel point il a commis l’irréparable dont il n’a pas conscience. Il ne reconnaît pas les faits de viol, ce n’est pas un homme qui est dans la conscience des actes qu’il a pu commettre.
La famille a besoin d’une réparation, avant toute chose, psychologique. On attend énormément de ce procès pour pouvoir se reconstruire et pour pouvoir exprimer la douleur qui est la leur et de pouvoir crier haut et fort qu’un tel homme représente un danger véritable pour notre société. Il faut que justice se fasse et qu’il comprenne que les actes qu’il a commis sont irréparables.
Cet ancien chirurgien a été condamné en 2005 pour détention d’images pédopornographiques. Peut-on s’interroger sur un manque de suivi de cette personne ?
On peut toujours s’interroger sur le manque de suivi. On peut aussi se dire qu’en 2005, lorsqu’il est condamné par le tribunal correctionnel pour la détention d’images pédopornographiques, on n’a pas mesuré l’ampleur du problème le concernant. On n’a pas su mieux protéger la société, en lui interdisant d’entrer en contact avec des enfants mineurs, notamment dans l’exercice de son activité professionnelle. On aurait dû être beaucoup plus prudent, on aurait dû prendre sans doute les choses beaucoup plus au sérieux. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? Je l’ignore. En tous les cas, aujourd’hui nous en avons les résultats et ils sont catastrophiques.
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